décembre 20, 2011

.. … ENTRE DEUX CHAISES

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Je suis une déracinée.


Bientôt dix ans que j’habite Paris et autant d’années à faire les allers retours vers mon Sud. Celui qui m’a vu grandir, celui qui abrite ma famille, mes amies d’enfance, celui où se trouve ma maison, ma toute petite terre, mon Tara.
Ma maison, que je regarde vieillir mais que j’aime par dessus tout, ma maison à la façade noircie mais si belle dans son écrin vert.
Celle que j’attends, celle des vacances, celle du soleil écrasant de juillet, celle des gouttières dans la cuisine et des bassines plic-ploquantes des mois d’octobre. Celle où se mellent palmiers, amandiers, oliviers et alocasias. Celle qu’on a surnommé le 53 bis.


Je ne crois pas que je pourrais retourner y vivre, mon métier ne me le permettrait pas. Mais même si j’ai gouté à la vie Parisienne, aux galeries Lafayette, à la rue Etienne Marcel et à Bonton, je sais qu’au fond de moi, je reste viscéralement attachée à ce village tout pourri, où tout ferme à 19h, où de pauvres guirlandes de Noël bleues pendouillent dans la Grand Rue, où les gens portent des vêtements improbables et où la plupart des dames ont les cheveux dégradés/déstructurés et méchés bizarrement.


Tout ça m’est venue d’un coup comme une grosse claque ce soir alors que je faisais des petites courses dans une superette du village. 
J’y suis entrée comme on entre au daily monop entre deux métros, du pas assuré des gens qui n’ont pas le temps et qui considère ultra urgent d’acheter des filets de merlu surgelés et des navets avant de rentrer.


Ah j’étais belle au rayon des légumes avec mon manteau de la dernière collec’, mon écharpe en cashemere, mes talons en daim et mes cheveux savamment méchés (tu sais le truc qui se voit pas mais qui fait toute la différence).


J’étais une parisienne. A Saint Gilles. Dans le Gard. Con.


Et les cinq personne qui étaient là se sont tues et m’ont regardé comme si j’étais à l’origine de la crise de la dette. Et moi j’ai fais comme si de rien n’était et j’ai choisi mes navets d’un air détaché.


Mais quand même mince, j’ai eu envie de leur dire, eh les gars! j’ai grandi là moi aussi hein, je le sais que si on veux acheter des cloppes après 20 heures faut aller au café de la Poste…


Alors oui, j’ai l’air d’une parisienne maintenant, mais je sais qu’à 744 kilomètres des Galeries Lafayette il y ma Maison. 
A saint Gilles. Dans le Gard. Putain-Con.

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10 commentaires

  1. Répondre melou décembre 21, 2011 à 12:27

    T’as bien raison d’être attachée à tes racines! C une force!
    Kenavo!!

  2. Répondre Eve décembre 21, 2011 à 9:14

    Tu rigoles mais maintenant je fais gaffe à comment je m’habille chez mes parents.
    En gros j’évites la fourrure et les grosses lunettes 🙂
    Mais je l’aime aussi mon village d’enfance…

  3. Répondre Inzemood décembre 21, 2011 à 1:13

    Ma belle soue,r une fois m’a dit en parlant de mes nouvelles bottes, que c’étaient des bottes de Parisiennes, bien moi je suis de Villefranche sur Saône, et je les ai achetées à Lyon. C’est là que j’ai compris, l’Aura que Paris avait.
    En fait je suis sûre qu’ils se sont tuent tellement tu es belle.

  4. Répondre Maman Crotte décembre 21, 2011 à 1:41

    Oh la la la ! Comme je reconnais dans tes mots. Sauf que ma maison, est beaucoup plus au nord est 😉
    Ah ma Lorraine ! Ouù je ne pourrais pas retourner vivre 🙁

  5. Répondre sab décembre 21, 2011 à 3:40

    Je me reconnais aussi dans tes dires ! quand je vais en vacances au Portugal, dans le petit tout petit village de mon homme, car là bas quand j’arrive les villageois me regardent un peu l’air envieux ! moi toute fraîche, pas eux, quand je me change tous les jours, pas eux ! et tout ça sans le faire exprès car je suis moi, et là bas je suis comme ici, une parisienne comme toi.

    J’aime bien ton post plein de valeurs ! j’aime quand tu écris.
    Des bisous et bonnes fêtes à vous, les loulous.

  6. Répondre la gamine décembre 21, 2011 à 8:42

    pas facile, hein ?
    Moi je viens d’une ville de taille moyenne, j’adorerais habiter paris…juste un peu, parce que sinon, c’est trop de tout…
    et savoir où c’est vraiment chez soi…c’est pas si con !

  7. Répondre clémence décembre 22, 2011 à 7:20

    J’aime bien ton histoire de racines…

  8. Répondre 3 sous un parapluie décembre 23, 2011 à 11:57

    Oh il me parle ton billet… moi qui suis une vraie parisienne mais avec une maison de famille dans le coin le plus paumé de la France !

    Belles fêtes !

    Samantha

  9. Répondre sab décembre 24, 2011 à 3:33

    Un très joyeux noël à vous tous ma petite Camille, des gros bisous…

  10. Répondre LE LONG DES QUAIS DE LA GARE DE LYON - Ritalechat août 8, 2015 à 10:02

    […] y a longtemps j’avais écrit ça. Je m’en suis souvenue ce matin. À l’époque changer de vie était un doux rêve que je ne […]

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