S’AIMER MIEUX

Je n’aime pas,
Avoir froid, rentrer tard le soir et trouver toutes les lumières éteintes dans la maison dormante, être la première à terminer mon assiette et attendre les autres, sentir arriver une angoisse, la refouler, savoir qu’elle reviendra tôt ou tard, partir de Saint Gilles et me demander pourquoi j’en pars finalement, ne pas réussir à reprendre rendez vous pour parler un peu, être enceinte, je n’aime pas  mes assiettes.

Et.
J’aime,
Sentir la chaleur d’une bouillotte au creux de mes reins, prendre une douche dans la pénombre dans la maison dormante, piquer un petit pois, une frite, une framboise, dans l’assiette encore pleine de mon voisin en détournant son attention, refouler une angoisse, me raisonner, prendre sur moi, revenir à Paris, pleine de mon Sud et savoir qu’un jour je n’en partirai plus, me remettre en question, seule ou pas mais perpétuellement avancer,  attendre, décompter les jours, accoucher, j’aime rêver de vaisselle comme on rêve d’une nouvelle maison.

Je suis double mais je ne suis pas gémeaux, je suis en paradoxes. Je m’aperçois que je ne dois pas lutter, je ne suis pas cohérente. Ca ne date pas d’hier. Enfant j’avais sur ma table de nuit côte à côte une poupée Barbie et un crâne de hyène que j’avais trouvé dans un désert Djiboutien. J’aime les collants coutures et les escarpins et je regrette de ne pas avoir été médecin légiste.
J’ai ma part d’ombre, je ne la repousse plus, elle est moi. Je m’aime mieux comme ça.

*** La photo a été prise en Thaïlande il y a quatre ans. Cet arc en ciel circulaire est une des choses les plus incroyables que j’ai vue. ***