MES ENFANTS, LES GROS MOTS ET MOI

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours dit des gros mots.
Il y a eu cette scène mémorable, alors que j’avais trois ans et demi, où ma maîtresse Jeanette m’a demandé de faire un dessin pour illustrer le cahier qui allait me servir tout au long de mon année scolaire. Je me suis bien appliquée à dessiner un pommier avec une échelle et un bonhomme.
Ma maîtresse a voulu écrire le titre de mon dessin, j’ai réfléchi quelques minutes et très fièrement je lui ai dis: « Mon dessin s’appelle Cassecouille monte à l’arbre ».
À la voir se décomposer j’ai voulu changer de titre, elle a refusé la maligne. Il faut dire que ma maman enseignait dans la même école, et je crois que la Jeanette était bien trop contente de mettre ma mère mal à l’aise. C’est ainsi que je me suis trainée toute une année un cahier journal au titre imagé…

Les gros mots font partie de mon vocabulaire, je les aime à rallonge, à tiroir, fleuris, métaphoriques. Dans le midi les putain-con-merde ne sont pas vraiment des gros mots, ils font partie du folklore. Le plus souvent je n’y fais pas attention, c’est justement quand j’essaie de ne plus en dire que je m’aperçois que j’en dit beaucoup.

Et avec les enfants comment ça se passe alors?
Et bien je ne dis pas des horreurs devant eux mais ma trilogie du sud fait partie de notre quotidien.
il y a eu un passage difficile quand Sacha avait trois-quatre ans, il répétait automatiquement chacun des gros mots que je disais. Je lui ai expliqué inlassablement que les adultes pouvaient parfois dire des gros mots mais que les enfants ne pouvaient pas encore les dire.
Et naturelement il a arrêté de ricaner et de répéter.

Il n’a pas le droit de dire de gros mots en ma présence, de mon côté je fais attention à mon vocabulaire devant lui, mais s’il m’arrive de dire un gros mot dans une conversation et qu’il est là, je ne m’en excuse pas. 
Je sais parfaitement qu’il en dit dans la cour de récréation, je ne suis pas dupe, je lui ai donc expliqué les gros mots qu’on pouvait dire occasionnellement, et ceux totalement horribles qui ne pourront jamais sortir de sa bouche, ni de la mienne d’ailleurs.

And guess what? 
Il ne dit pas de gros mots à la maison, et lorsqu’il veut en dire un, il demande la permission, ce qui du coup enlève tout le piquant du gros mot, on est d’accord!

Il y a une petite Violette qui je pense, va vite piger le concept de la trilogie du midi…
Je vais évidemment y faire attention.

Quant à la photo. 
Sacha m’a demandé si j’étais sérieuse de mettre ça sur une porte. Je lui ai répondu qu’un gros mot en laine accroché sur la porte de nos toilettes n’avait pas le même sens, ni le même impact qu’un gros mot balancé avec colère ou agressivité dans la rue. Je lui expliqué que dans l’intimité d’une petite pièce c’était du second degrés, une provocation, de l’humour. 

À mon sens elle est là toute la différence, je n’insulte jamais, (à part quand j’étais seule au volant de feue ma voiture), en revanche je manie l’art du gros mot sans en faire tout un plat! et puis voilà !

***Tu as reconnu le mot enlainé de chez Charlie and June! Merci Julie pour cette commande spéciale***