CHAMPION DU MONDE INTERGALACTIQUE

Je m’étais pourtant promis…

Je m’étais dit: jamais de sport co pour Sacha.

Non non non non . Non!

Je ne suis pas le genre de mère à l’accompagner le week end aux compétitions, je suis beaucoup trop snob pour me geler les miches sur un gradin, en applaudissant de toutes mes mains le moindre but de mon enfant.

Ça non alors! jamais.

Mais ça c’était avant.

Juste avant que mon gamin ne se découvre une passion et certaines aptitudes au Handball dans notre nouvelle ville.

Et quand je dis certaines aptitudes,  c’est que la décence m’oblige à ne pas trop en faire.

Mais en vrai il déchire tout mon champion toutes catégories,  un vrai génie du hand. Que dis-je, un virtuose du ballon, le roi du dribble et du tir cadré. Un visionnaire, un athlète hors pair, une armoire à glace de la défense et un cabri de l’attaque. Une bête des six mètres.

Et moi je suis devenue un mère totalement objective vous voyez.

J’essaie de me remémorer avec pragmatisme le jour où j’ai viré de bord.

Le jour où j’ai troqué ma grasse mat’ du samedi contre une écharpe aux couleurs du club et un sac à dos rempli de fruits secs pour mon champion.

Parce qu’il faut bien l’avouer, ça y est, je hurle dans les gradins, j’aimerais avoir quatre mains pour applaudir plus fort les exploits de MON rejeton. Parce que vous voyez hein, ben le gosse en short vert là, le 69,  celui qui démonte tout, ben c’est MOI qui l’ai fait.

Oui oui oui oui madame cette graine de champion a créché dans mon utérus en diamant, c’est certainement pour ça qu’il est promis à une immense carrière de handballeur, une carrière fulgurante, à moi les JO, les tournois et les coupes du Monde intergalactiques. En Louboutin.

Non franchement en toute modestie, je serai un mère de champion à tomber par terre. Avec un sublime sac et ma manucure impeccable. Avec toujours le bon mot pour les interviews. Avec le juste battement de cils modeste, effarouché et surpris qu’il faudra. Je serai son attaché de presse, je le protégerai des requins de sponsors comme au temps du bac à sable. Je l’aiderai à faire des choix tactiques. Bref. Je serai une mère de champion absolutly fabulous.

Voilà. À un moment j’ai basculé.

Je me surprends même à brailler sur un être de moins d’un mètre cinquante, pour peu qu’il soit dans l’équipe adverse. Impossible de me contrôler, dans le feu de la compétition, un adversaire est un adversaire, même s’il a dix ans.

Le pire du pire c’est sur la route pour le match.

On y va de nos conseils, on coache comme des malades avec Rod. On vérifie que la licence soit bien dans le sac avec la serviette et la bouteillle d’eau. On fait des analyses de matchs et des pronostics.

Bref nous sommes devenus des bargeots du hand. Et moi qui, il y a encore quelques mois, pensais que ce sport se jouait à onze.

On a des tics, c’est maman qui refait les lacets juste avant le coup d’envoi, ça lui porte chance j’en suis sûre, un peu comme quand Zidane  remonte sa chaussette gauche en buvant de l’eau.

La gauche. Toujours.

Voilà.

Je vous le disais, je suis devenue complètement hystérique du gradin. J’ai mon siège préféré, dans quelques jours j’apporte mon coussin pour moins me cailler le séant, j’en suis sûre.

Oh mon dieu.

Là c’est cuit.

Bon le truc positif quand même c’est que j’arrive à retrouver plus ou moins un état rationnel le reste de la semaine.

Je reste modeste en société, je n’applaudis pas à chaque fois que Sacha joue au ballon dans le jardin avec sa soeur, je n’ai pas de carte officielle de supportrice de l’USAM.

Enfin pour l’instant!

Allez je vous laisse, j’ai des recettes de green smooties énergisants à tester pour le match de samedi !

Des bisous:-)