LA PETITE HISTOIRE DU STUDIO MAGAZINE

En discutant avec Sacha, je me suis rendue compte que ma vie, mon choix d’étude puis de carrière, mes maris, mes enfants… Tout a découlé d’un soir, un seul soir à lire un magazine. Il a été très intrigué. Alors je lui ai raconté cette histoire :

«  Je venais d’avoir le bac et venais d’emménager dans mon tout premier appartement. Ma chambre était à peine décorée, juste un lit et une housse de couette neuve, un bureau et quelques étagères.

J’étais en première année de deug de Biologie, j’allais vaguement aux cours, je voyais beaucoup les copines, je zappais les travaux dirigés de midi à quatorze heure, parce que c’était l’heure des Feux de l’amour.

En me baladant un jour je suis tombée sur un Studio magazine. J’aimais le cinéma, mais surtout j’avais repéré en fin de journal, une série de photos de tournage en noir blanc. Pile ce qu’il me fallait pour décorer les murs de ma chambre d’étudiante.

Je me souviens l’avoir trouvé cher ce magazine. Puis je suis rentrée chez moi.

J’ai accroché quatre images à mon mur et je suis restée un long moment à les contempler.

Cette lumière, ces comédiens, cette ambiance… Tout me fascinait.

J’ai dévoré le magazine, j’ai tout lu. Même les encarts, même les pubs, même les toutes petites critiques. Et je suis tombée sur une interview D’Yvan Attal et de Charlotte Gainsbourg. Ils y racontaient leur passion pour les plateaux, leur vie de couple au travail. Leur envie de tourner plus ensemble.

Dans mon esprit une fenêtre s’est ouverte. Je veux faire ça, je veux être eux. Je veux vivre le long d’un rail de travelling ou dans une loge. Il était quatre heure du matin. j’avais dix huit ans.

Le lendemain j’ai appelé mes parents, exit la biologie, je veux faire du cinéma (crise cardiaque de mon père). J’ai bataillé à peine quelques jours, je suis retournée sur les bancs de la fac avec encore plus de parcimonie et l’espoir fou d’une inscription dans une école de cinoche à Nice. Et quelques mois plus tard j’entamais mes études dans l’audiovisuel.

À partir de là, les choses se sont enchainées. J’ai terminé mes études, je suis partie au Bénin pour travailler dans une chaine de télévision. J’y ai rencontré le premier amour de ma vie qui présentait le 20 heures. Nous avons eu Sacha. Plusieurs années plus tard, on tournait comme des malades avec mes amies Sophie P. et Sophie G. J’ai rencontré le deuxième amour de ma vie, qui fabriquait la lumière sur les plateaux pendant que je m’occupais des comédiens dans les loges. Nous avons eu Violette.

Une nuit d’hiver enneigée, entre deux scènes, bien au chaud à l’abri d’un décor, je discutais avec Monsieur Attal. Il nous faisait écouter les premières maquettes de l’album de son épouse, et je lui ai raconté tout ça. Et je l’ai remercié d’avoir donné cet interview à Studio magasine. Parce que ça avait changé ma vie. Il était quatre heure du matin, j’avais vingt huit ans.

Pour boucler la boucle, une photo du tournage à Paris de quelques épisodes des « Feux de l’amour » justement, pas un chef d’œuvre vous en conviendrez, mais un joli clin d’œil à mon année de fac télévore !

Je vous embrasse