février 27, 2015

QUAND IL N’EST PAS LÀ

J'ÉCRIS
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En écho à Marjoliemaman…

Quand il n’est pas là, il m’appelle le matin, toujours à la même heure. Pour me réveiller, parce qu’il sait que je me couche tard et que j’ai souvent des pannes de réveil.

Quand il n’est pas là il m’envoie des photos de ses tournages, ou alors il ne m’appelle que très tard après sa journée de travail.

Quand il n’est pas là, la maison est sans dessus dessous, le linge sèche partout et les chaussures trainent un peu.

Quand il n’est pas là, les enfants dorment chacun leur tour avec moi jusqu’à ce que je dise « ce soir tout le monde dans sa chambre ! ». Je m’installe alors toute petite de son côté, sur son oreiller à lui. Et les deux chats viennent se lover.

Quand il n’est pas là je regarde ce grand jardin plein de feuilles à ramasser et j’attends qu’il revienne.

Quand il n’est pas là, je me débrouille parfaitement. Je répare, je rafistole, je prends des décisions. Pour la chaudière, pour les impôts, pour les enfants et pour la famille.

Quand il n’est pas là, le gentil livreur de colis me fait un peu de gringue et me demande si tout va bien.

Quand il n’est pas là, mes amies viennent tricoter, mon père rapplique pour boire un thé.

Quand il n’est pas là, je suis seule. Je suis bien. Mais il me manque à partir du vendredi.

Quand il n’est pas là, je cherche l’écho de son rire.

Quand il n’est pas là on mange de la soupe et des repas vite faits, parce que je n’ai jamais aucune idée pour cuisiner.

Quand il n’est pas là je l’appelle en hurlant parce Kate est dans le salon avec une souris dans la gueule. Je le menace de ne plus jamais sortir de la cuisine s’il ne débarque pas dans la seconde pour m’aider. Et je l’entends rire à sept cent kilomètres et je hurle encore plus fort.

Quand il n’est pas là je me couche très tard et je regarde pour la deux-centième fois beignets de tomates vertes.

Je vais, je viens, je vis ma vie. Je protège mes petits deux fois plus. Comme si le fait qu’il ne soit pas là leur enlève une protection qu’il faut que je compense.

Quand il n’est pas là, je reste moi. Avec cette petite partie en moins qui n’appartient qu’à nous. Cette partie de moi mélangée de lui que j’aime et qui s’endort lorsqu’il s’en va.

Quand il n’est pas là je me dis que j’aime bien la femme que je suis, indépendante et débrouillarde. Et fragile aussi. La femme tout à fait capable de changer une ampoule mais qui préfère attendre un peu qu’il le fasse lui même. Cette fille dans cette grande maison avec ses petits poussins accrochés à ses jupes.

Quand il n’est pas là les enfants comptent les dodos, je chante à tue tête, je pleure de fatigue un peu parfois mais je me ressaisis bien vite et j’achète un bouquet de fleur pour fêter son retour. Quand il n’est pas là, je sais que ce n’est pas pour toujours. Il rentre demain.

Finis la soupe et le quinoa les petits !

(Une photo que j’adore: les enfants et lui à Koh Samui)

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12 commentaires

  1. Répondre Marjoliemaman février 27, 2015 à 11:03

    Oh, merci ! C’est tellement proche également de ce que je ressens. Je sais que ce n’est pas pour toujours et j’aime aussi la femme indépendante que je suis quand il n’est pas là. #TEAMSCARLETT Bisous ma belle Camille.

  2. Répondre Cilou février 27, 2015 à 11:09

    je fonds !

  3. Répondre musurinsta février 27, 2015 à 11:14

    Extra le choix des mots, la liste des petits trucs quand il n’est pas là, tout me parle!! Nous sommes dans notre 9ème année de « quand il n’est pas là », c’était tellement dur et triste au début que je refusais d’accepter, puis la nécessité de se serrer les coudes l’a emporté: maintenant c’est encore dur, parfois triste, mais c’est accepté 😉
    Bonne journée chez toi!

  4. Répondre Marie DiaboloCitron février 27, 2015 à 12:38

    Un très bel article, plein de douceur et débordant d’amour, vraiment magnifique.
    Et cette belle photo qui fait rêver de voyage en famille…!

  5. Répondre Anneetclaire février 27, 2015 à 1:23

    Ben moi quand il est pas là, j’essaie de coudre. Je me suis lancée dans le semainier de jupes, enfin dans UNE jupe ! Mais comme je suis un peu neu-neu et que je n’ai pas de Tata Rita sous la main, c’est pas gagné ! Et je change aussi les ampoules, je hurle et je pleure quand il y a une groooosse araignée dans la maison, et ma Princesse dort avec moi. Belle journée, et bonnes retrouvailles !

  6. Répondre Ananala février 27, 2015 à 1:51

    Ahhhhhhhhhhh beignet de tomates vertes. Mon film damour!
    Tout est bien joliment écrit… et quand il est là alors… ça donne quoi?

  7. Répondre Cristina février 27, 2015 à 4:13

    oh lala, que tu sais bien mettre des mots sur les sentiments Camille, c’est beau!

  8. Répondre anyo février 27, 2015 à 10:39

    C’est très beau et touchant!

  9. Répondre Lulu La Lucette février 28, 2015 à 8:13

    Très émouvant… Qu’est-ce que j’aime te lire Camille! Merci

  10. Répondre nadia février 28, 2015 à 11:03

    Par ici quand il n était pas la, c était tellement triste ( pour lui, pour moi, pour les enfants) qu on a décidé de ne plus continuer, on a moins d argent à la fin du mois mais on est trop content de vivre vraiment ensemble. On en était arrivé à avoir l impression de ne plus vivre ensemble. Aujourd hui absolument rien ne pourrait justifier de nous séparer de manière reguliere. Bon courage

  11. Répondre yeahyeahgirl mars 2, 2015 à 3:38

    j’ai lu ton magnifique texte avec en musique de fond Asaf Avidan … et bah purée, ça m’a fait comme un film. c’est très beau, comme toujours, tu es tellement touchante.

  12. Répondre Quand il n’est pas là. – Ritalechat mai 10, 2019 à 2:02

    […] Pour lire l’évolution… le billet est là. […]

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