novembre 15, 2015

DEMAIN.

RITALECHAT SPECIAL
.

Nous étions partis tellement heureux mes deux enfants et moi. J’avais  le cœur léger de retrouver ma ville et de la parcourir avec ma fille. Heureuse aussi que mon grand aille chez son père qui lui manque tant.

Et puis voilà.

Et puis les larmes et les images, les balles et l’effroi. Le silence assourdissant et les sirènes des ambulances. Et cette peur que j’avais oubliée, envolée avec les cartons du déménagement est revenue en courant m’étreindre les entrailles.

Moi je ne comprends plus rien. Je ne sais plus trop bien ce que j’ai dit aux enfants. L’un voulait rejoindre son papa, l’autre voulait aller voir la tour Effeil avec son grand père. C’est tout, rien de plus. Je ne sais plus comment j’ai tourné ça, je ne sais plus quels sont les mots qui sont sortis pour leur expliquer ce qui se passait dehors.

Je ne sais plus rien les enfants, la seule chose dont je suis capable c’est de m’enfouir sous une montagne de couette et oublier un peu. On se battra demain, on sera debout et fier demain, on aura plus peur. Mais demain d’accord ?

En attendant on a cuisiné un peu, on a fait des câlins et des dessins, on a chialé sous cape et on s’est serrées dans les bras. Deux petites mamans dans un appartement parisien avec leurs trois enfants et le monde autour. Juste nous et quelques pancakes et des bouteilles de jus de clémentines.

Quand demain est arrivé, on a attaché nos cheveux et on a bu le soleil. Nos enfants n’ont jamais été aussi libres que ce dimanche matin d’après tuerie. Et juste de l’écrire je me demande encore si je ne dors pas encore un peu.

Ce soir en préparant les valises et en posant un pied dans le train du retour je me suis sentie coupable d’être soulagée. Coupable d’avoir laissé cette peur revenir me bouffer le ventre et paralyser mes raisonnements. Coupable et inquiète de laisser ma famille d’amis. Coupable de m’éloigner de tout ça, si tant est que s’éloigner soit une solution.

Ce soir je pense à tous ceux qui ont perdu un être cher. Et je me dis que nous avons tous perdus quelque chose vendredi soir.

Il y aura un nouveau demain, où il faudra continuer de vivre, de sourire et d’espérer, il y aura un nouveau demain pour continuer à s’aimer. J’écris ces quelques mots sans queue ni tête assise en face de mes deux enfants dans le train, ils dorment bientôt, et presque pour la première fois je mesure viscéralement à quel point ces deux petites vies sont précieuses et ténues.

Prenez soin de vous maintenant et demain. Je vous embrasse.

Camille.

Article précédent Article suivant

Lire encore...

9 commentaires

  1. Répondre woodyealine novembre 15, 2015 à 10:59

    Vivre c’est résister. Prends soin de toi. Bisous

  2. Répondre dolmazon novembre 16, 2015 à 6:32

    2 petites mamans qui ont sécurisé leurs enfants avec de la douceur. Merci Rita le chat pour ce blog, pour ces jolis mots, pour toute cette poésie…debout depuis 4h je cherche encore mes mots pour sécuriser mes petits, pour les protéger, pour ne pas gâcher la fête « mon Sacha » a 10 ans aujourd’hui…et je crois que je vais être une petite maman aujourd’hui et je vais lui faire un beau gâteau et plein de câlins…mes larmes sont là et accompagnent toute cette douleur.

  3. Répondre Ptits moments novembre 16, 2015 à 7:25

    Merci Camille…. pour ces mots….
    La peur nous envahit tous… ils nous culpabilisent de tout… il va falloir dompter cette peur et avancer… le courage me manque pour le faire pour le moment mais je suis sûre que chacun chacune d’entre nous le fera et les sourires reviendront avec cette ombre planante qui ne gâcherait plus notre plaisir…

  4. Répondre Milk and Fabric novembre 16, 2015 à 9:09

    De l’amour et de la douceur. <3

  5. Répondre Daphné novembre 16, 2015 à 11:47

    Bonjour Camille, merci pour ces mots doux dans lesquels je me reconnais et qui réchauffent mon cœur en miettes. Oui, il faut célébrer la vie encore plus fort à partir d’aujourd’hui, en mémoire des victimes. Merci pour ce si joli blog qui m’accompagne et embelli mon quotidien.

  6. Répondre Mathilde novembre 16, 2015 à 3:57

    Un cœur avec les mains.
    Rien de plus, rien de moins.
    Je vais faire des crêpes en pyjama. Il n’est pas 16 heures et je suis en tout doux. J’ai dit au revoir travail pour ce lundi d’après la gifle-effroi-tuerie et bonjour films doudou et bougies et plaids et amour. Je suis juste sortie pour me recueillir au pied du drapeau en berne, et je suis rentrée au petit trop prendre des forces.
    Un de mes amis a échappé avec sa copine-jolie au pire. J’étais sensée y être, mais « oh zut il n’y a plus de places, la prochaine fois alors, hein, c’est pas comme si je ne les avais jamais vu ! ». Peut-être que le groupe ne rejouera jamais plus. Je ne sais pas. En tout cas, ce que je sais, c’est que la vie, notre vie quotidienne, ce ne sera jamais plus comme avant.
    Et c’est bête, c’est ce qu’on a dit après Charlie, alors tout ça ne veut rien dire.
    Alors voilà voilà, vu que je n’ai rien à dire à part « cœur avec les mains », on va finir avec « cœur avec les mains ». Et puis câlin, à ceux qui en ont besoin d’un, là, maintenant.

  7. Répondre Lulu La Lucette novembre 17, 2015 à 8:26

    Ils me font du bien tes mots Camille, merci♥

  8. Répondre christine novembre 18, 2015 à 4:30

    C’est magnifique. Ton blog est magnifique de spontanéité débridée et d’émotions vraies et belles. Tes mots sont beaux et justes. je te lis sans jamais commenter, mais pour cette fois je voulais te dire deux choses : MERCI et LOVE

  9. Répondre Estelle novembre 18, 2015 à 6:15

    Des mots justes sur un jour si injuste

Laisser un commentaire