juin 13, 2016

LES BAISERS NE CLAQUENT PLUS EN PUBLIC

ADO
.

ANANS-GIFFY SACHADemain il y a ta représentation de théâtre. Je sais que tu répètes depuis longtemps avec ta prof de français. Une pièce de Jean de la Fontaine 2.0, tu m’as dis. Ça promet.

Tu as l’air si à l’aise dans ton collège. Moi j’avais tellement peur. Tu te souviens l’année dernière j’avais écris ça, un peu à la même époque. Toi tu avais hâte, moi je ne savais pas encore comment faire pour te laisser t’envoler. La sixième…

Pour vous les mamans des enfants qui y arrivent en septembre, ne vous inquiétez pas trop. Ils s’y font vite. Dîtes vous qu’ils sont épatants d’adaptation, qu’ils vivent tout mieux que nous. Le plus dur à mon sens est d’accepter une bonne grande fois qu’il nous échappent de plus en plus.

Samedi nous avons reçu quelques uns de tes copains. Ta bande, comme tu dis. On se marrait avec ta sœur, de vous voir un peu dégingandés dans vos maillots de bain. Violette me faisait les gros yeux et explosait de rire lorsqu’on entendait au loin des gros mots.

J’ai bien vu que parfois tu étais gêné que tes amis se lâchent un peu alors je me suis faite toute petite pour ne pas t’embêter, pour te donner ta liberté. Tu l’as bien méritée cette fois.

Mon lion, tu t’es battu, je le sais. Tu as été souvent fatigué cette année. Trouver des solutions pour contourner ce que la nature ne veux pas te laisser faire, c’est crevant je sais. Ou plutôt non je ne sais pas vraiment. Mais mes tripes de maman louve le comprennaient très bien.

Je t’ai vu devenir autonome, trouver une organisation qui te convienne. Je t’ai vu râler, pester, me contredire aussi. Tout n’a pas été tous les jours rose bonbon.

Mais regarde il te reste quatre jours et c’est fini. On en a eu des crises toi et moi cette année. Il a fallu que je te fasse confiance, il t’a fallu la gagner. Je me suis réveillée souvent en pleine nuit pour ressasser encore et encore mes inquiétudes pour toi. Et même si ça roule toujours, même si tu retombes par je ne sais quelle magie sur tes pattes de Cha, je ne pourrai jamais cesser de m’en faire je crois.

Ça me fait venir les larmes un peu mais ça y est, on est arrivé au bout de cette année que je redoutais tant. Mon cœur, tu y es. Moi finalement je n’ai pas fait grand chose. À part sortir mes petits points fébriles mais déterminés lorsque tu avais besoin que je me batte pour deux.

Cette nuit tu as été malade comme jamais. D’un coup tu es redevenu mon tout petit enfant. Celui qui entrait encore dans mes bras et que je pouvais bercer. Recroquevillé sous tes draps tu cherchais mes yeux comme pour me dire.

« Maman enlève moi la douleur, que je puisse monter sur les planches après demain. »

Alors à grand coup de câlins, de salade de fruit frais et de film cultes, je t’ai couvé toute la journée mon enfant.

Demain on sera tous là pour voir cette pièce. Il y aura nous assis, et toi debout au milieu de tes camarades. Tu m’as promis que nous ririons. Il se peut que je sois émue, alors je planquerai tout ça derrière un grand éclat de rire.

Tu es devenu si grand que parfois tu m’agaces de n’être plus aussi petit. De n’être plus aussi tout à moi. Mais bon sang que je suis fière de toi. Du jeune homme qui se profile et que j’aperçois au détour de tes critiques de film, de tes blagues et de tes regards doux.

Je t’embrasse fort, de loin, je sais j’ai compris. Les baisers ne claquent plus en public.

Demain à défaut de t’embrasser, je t’applaudirai à tout rompre…

De la terre à lune. Aller retour.

Maman Camille

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17 commentaires

  1. Répondre sandralacouverture juin 13, 2016 à 8:24

    Bonsoir,

    Bon je n’ai jamais osé le dire ici, peur que l’on prenne cela pour du voyeurisme ou de la curiosité un peu déplacée, mais il se trouve que je me suis aperçue que je travaillais dans le collège de ton grand garçon.
    Je m’en suis rendue compte le jour où, en montant des escaliers, je rigolais seule en écoutant un jeune chanter comme un grand couillon, il était drôle! Et paf, arrivée en haut, je tombe sur le chanteur en question, ton fils, un clown faisant marrer tous ses potes! Je me suis arrêtée quelques secondes, je l’ai regardé, il rigolait tellement! Je me suis dis, en repensant au fameux billet de l’an dernier, si elle voyait ça, elle aimerait c’est sûr!
    Et, j’ai donc pris l’habitude en passant devant sa classe de dessin le lundi de jeter un oeil par la fenêtre. A chaque fois, je l’ai vu sourire.
    Le « petit-grand » garçon que j’ai croisé tous ces lundis était un gars bien dans ses baskets, crois-moi!
    Bonne soirée et bonne représentation demain.

    • Répondre ritalechat juin 13, 2016 à 8:41

      Ok donc là j’ai fondu en larme. Parfois on voudrait être une minuscule souris pour voir si nos enfants sont heureux au collège. Comment ils se comportent. Alors ton commentaire là, si tu savais combien il est précieux. Combien j’ai de la chance que tu l’ai laissé. Merci merci. J’espère avoir l’occasion de te croiser pour pouvoir te saluer.
      Merci encore.
      Camille

    • Répondre sandralacouverture juin 13, 2016 à 9:09

      Ah ah, c’est moi qui vais verser ma larmichette là!!!
      Malheureusement, je pense pas qu’il sera difficile de se croiser.
      Je suis enseignante, mais pour une association, et nous louons simplement une salle là bas 3 jours par semaine.
      Elle est à côté de celles d’arts plastiques et de théâtre, et, en dehors de cette salle et de quelques repas à la cantine, nous ne partageons que très peu le quotidien de l’établissement (ce que je trouve hyper frustrant d’ailleurs!!!).
      Mais promis, si je te croise je te ferai un petit coucou 🙂

      • Répondre ritalechat juin 13, 2016 à 9:25

        Ce serait avec grand plaisir! on ne sait jamais. (je n’en reviens pas de ce cadeau que tu m’as fait ce soir…)
        des bises.

        • Répondre Julia juin 14, 2016 à 10:20

          OK donc après le 1er message de Sandra j’avais les larmes aux yeux, après ta réponse Camille je pleure vraiment ….mon fils (qui s’appelle Camille) n’a que 3 ans mais quand je te lis, toute cette inquiétude, elle me remue déjà les tripes…il rentre en maternelle en septembre 🙂 je sais je suis ridicule !

  2. Répondre La tambouille de Bouille juin 13, 2016 à 8:31

    C’est tellement touchant 🙂
    Ca doit être impressionnant les passages CP, CM2, 6éme…. pfiouuuu
    Le mien entrera en maternelle d’ici 1 an donc bon je risque de chouiner un peu mais c’est pas comparable ah ah ah

  3. Répondre Clelia juin 13, 2016 à 8:44

    Olàlàlà… que c’est touchant!
    J’avais déjà posé la question mais sans réponse… tu lui lis ce que tu écris? tu lui imprimes certains articles? il vient faire un tour sur ton blog de temps en temps comme nous tes groupies? 😀

    • Répondre ritalechat juin 13, 2016 à 9:24

      Coucou! oups pardon, alors je te répons ici. Il ne lis pas tout systématiquement. Mais de temps en temps ça lui prend et il se fais une cession lecture de mes billets. J’aime bien le regarder les lire, pour voir ses réactions.
      Je crois qu’il est heureux de cet endroit.
      à vite vite
      Camille

  4. Répondre Mafavicer juin 13, 2016 à 9:22

    Je suis tjs très émue quand tu parles de ton fils, je trouve que vous avez une magnifique relation et je te souhaite que cela dure. Ce sujet me touche sûrement parce que je suis moi-même maman de deux garçons. Mon grand entre au CP en septembre et je sens poindre son besoin d’autonomie un peu plus chaque jour… Ca pince un peu le coeur parfois et j’ai l’impression que depuis qu’il est devenu grand frère ça s accélère encore plus. J ai tjs en souvenir ton billet de Paris où tu hésitais à le laisser traverser le passage piéton pour prendre le pain… Il en a fait du chemin!

  5. Répondre Debobrico juin 13, 2016 à 9:51

    Olala ben tu m’as fait pleurer et même que j’ai du mal à m’arreter tellement tu m’as touchée en plein coeur. Ton Cha s’en est sorti comme un chef de son année de 6eme et toi aussi tu as pris du grade dans ton rôle de maman! Dans une moindre mesure mon grand à moi rentre en CP, et tu sais que ça me fiche un coup! En sortant de l’inscription il m’a dit « par contre l’année prochaine tu ne pourras plus m’appeler ‘mon bébé ‘parce que je serais vraiment grand mais ça me ferait plaisir que tu m’appelles ‘mon grand’ à la place! »

  6. Répondre Axelle juin 13, 2016 à 10:46

    Cœur qui se sert et pleur pleur pleurs… Et cœur avec les doigts aussi. Ici c’est la première année de maternelle qui vient de s’achever et c’est bizarre mais c’est tout pareil copie collé ! Ça va trop vite…. On peut juste fermer les yeux et apprécier…. Bisous.

  7. Répondre Magda juin 14, 2016 à 9:44

    Bonjour,
    Votre billet est magnifique. Vos mots sont tellement justes. Mon petit prince rentre au CP en Septembre et qu’est ce qu’il est fier (et moi donc). Les laisser grandir, c’est étourdissant parfois… Je me rappelle d’une de vos phrases (un billet sur la jolie Violette) qui retranscrit COMPLETEMENT ce que je ressens en étant maman, l’aimer tellement que ça en est même un peu douloureux!. Il fait du bien votre blog!

  8. Répondre Céline / Shalima juin 14, 2016 à 11:58

    Eh oui, ils grandissent nos tout petits, et c’est tellement chouette… J’aime beaucoup la façon dont tu décris cette ambivalence, on aimerait qu’ils restent nos petits mais les voir grandir est tellement riche et merveilleux… Je vous souhaite une bien belle pièce de théâtre, que Sacha s’éclate, et toi, n’oublie pas tes mouchoirs ! Bisous doux !

  9. Répondre Nafinette juin 14, 2016 à 11:15

    Je ne sais pas comment tu t y prends mais à chaque fois je chiale !

  10. Répondre Virginie juin 15, 2016 à 5:10

    Moi aussi je sanglote… que j’aime te lire ! Alors cette représentation, ça s’est bien passé ??

    Bises Camille.

  11. Répondre AL juin 16, 2016 à 2:47

    c’est émouvant tout ça. Nous finissons une année de sixième ici aussi alors ça me touche d’autant plus. Je dis « on » car avec son père nous l’avons un peu refaite cette sixième!! on s’est bien battu, on en a eu des embrouilles avec notre grand pour les devoirs, ceux qui n’étaient JAMAIS notés de l’agenda, ceux pour lesquels il avait tant de mal à s’y mettre….tous nos repères ont été chamboulés pour lui et pour nous…mais le voir ainsi se marrer avec ses copains , commencer à s’envoler et à s’affirmer…notre grand sensible, notre timidou: ça fait un bien fou! alors oui c’était raide cette année mais je suis tellement fière également!
    allez la methodo on la trouvera en cinquième!!!
    Merci Camille de mettre des mots si beaux sur ce qui se passe dans mon cœur
    belle journée

  12. Répondre aurore juin 16, 2016 à 10:09

    Bon ben voilà je pleure comme une madeleine…

    Ce billet me touche au plus profond tu n’imagines pas, tu trouves si bien les mots, mon grand qui a encore trois années avant de passer le cap du collège a aussi des petites difficultés qui me laisse soucieuse, j’espère qu’il trouvera sa place et qu’il aura un entourage bienveillant.

    Tes articles m’aide beaucoup et on sent que tu fais le mieux pour ton fils et cela fonctionne à merveille, bravo et ton fils a une bouille d’amour comme on dit par ici.

    Bonne fin d’année et vive les apréms avec les potos, comme dit mon grand ma bande de copains c’est à la vie à la mort….

    Ca promet tout ça

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