juin 28, 2018

La pièce aux fleurs

Au jardin
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ritalechatLorsque j’étais enfant il y avait dans la maison que mon père construisait pour nous, une pièce que ma grand-mère avait baptisé « la pièce au fleur ». C’était là qu’elle faisait ses bouquets et qu’elle mettait à sécher les plantes qu’elle utilisait pour fabriquer les tisanes de son magasin bio. Le bio n’était pas encore tendance mais pour nous c’était déjà un mode de vie. J’adorais aller dans son magasin qui sentait bon les huiles essentielles et le miel, ma mère m’y emmenait souvent, j’étais petite mais j’en garde un souvenir vif.

La pièce aux fleurs de ma grand-mère était juste à côté de la buanderie. La lessive se mêlait aux odeurs vertes et végétales et si je la cherchais, je savais que je la trouverais là. Il n’y avait qu’à traverser le patio pour la trouver dans ses grandes robes. Ma Khâ. Je crois ne lui avoir jamais dit mais sa pièce aux fleurs m’intriguait autant qu’elle m’effrayait. Les fleurs suspendues, les vases, les couleurs passées et les pétales au sol se partageaient le temps avec les toiles d’araignées accrochées aux pierres de la petite niche du mur du fond. J’essayais de ne pas trop m’en approcher, en même temps apeurée par les bêtes et attirée par les fleurs par centaines.

C’est elle qui patiemment a fait le tour du grand jardin pour me donner le nom des fleurs. C’est elle qui a permis que je cueille ses précieuses pour en faire des fous bouquets d’enfant.

« Mais coupe les tiges bien longues Camillette, ne les gaspille pas. »

 Chez moi il n’y a pas de pièce aux fleurs, mais des fleurs il y en a toujours. Je garde les bouquets longtemps, je les bichonne, les transforme… Dehors il y a une table jaune devant la porte de la cuisine et c’est là que j’arrange mes bouquets, que j’enlève les fleurs fanées pour donner une deuxième vie à des fleurs un peu passées. Je recoupe les tiges, en cajolant mon souvenir d’enfant et en faisant attention de ne pas trop les raccourcir, je change de vases, et surtout je regarde le moindre détail. Un pistil, un pétale, une feuille entrain de jaunir, le velouté d’un lys, la délicatesse d’une rose du jardin, le crénelé d’un œillet. Je me dis que ce moment passé devant ma petite table jaune est sans doute une forme de méditation. J’y puise en plus une grande satisfaction, un réconfort infini.

J’avais envie de laisser cette histoire ici, pour que dans longtemps les souvenirs de cette pièce aux fleurs de ma grand-mère et de ces moments passés à ma table à rabibocher des bouquets reviennent me chatouiller un peu. Et puis j’espère aussi secrètement, que ma bien nommée fille aura elle aussi cette passion des couleurs, des formes et des fleurs.

Mais pour ça je ne m’en fais pas trop…

Je vous embrasse.

Camille

ritalechat bergamotte

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2 commentaires

  1. Répondre Les Petites M juin 29, 2018 à 11:25

    Pas de doute, on transmet bien plus que l’on ne pense!
    J’accorde aussi du temps à arranger le fleurs les plantes, c’est si déstressant.
    Ton histoire de pièce aux fleurs est très belle! J’aurais aimé en connaitre beaucoup plus sur les plantes et l’herboristerie, c’est passionnant!
    Bises et bon week-end,
    Marion

  2. Répondre Estelle juin 29, 2018 à 11:30

    Comme il est doux ce texte. Et tes souvenirs sont bien jolis. J’imagine à quel point ta grand mère doit être fière… La transmission c’est magique.

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