septembre 1, 2018

AU CINOCHE AVEC MON GRAND

ADO, CULTURE GÉ
.

Assez régulièrement lorsque j’évoque les films que nous regardons avec le grand, je reçois des questions. Vous avez envie de savoir quel film regarder, à partir de quel âge, est ce que ça ne fait pas trop peur, où est la limite que je lui fixe.

J’avoue que j’ai beaucoup de mal à répondre à tout ça parce que je suis convaincue que c’est essentiellement la personnalité de nos enfants qui fait que nous leur faisons voir tel ou tel film. Chaque enfant a une sensibilité différente et vous êtes les mieux placés pour décider si oui ou non il peut voit tel ou tel film. Le seul conseil que je me permettrait de vous donner est de regarder des films avec eux et d’en parler après en utilisé des questions qui appellent des réponses autres que « oui » ou  non. » « Quelle scène as tu préférée », « Qu’est ce qui la moins plus. » « Dans quel autre film tu as vu cet acteur? » Autant de questions qui amène une discussion.

J’avais envie ce soir d’écrire un peu sur le rapport que nous avons en famille avec le cinéma car je rentre tout juste d’une séance avec mon grand, et ce soir nous avons vu un de mes films préférés: Le silence des agneaux.

Depuis quelques mois déjà nous sentions que le grand avait envie de film à sensation forte. Nous ne sommes pas contre (j’étais comme lui au même âge) mais nous faisons attention à ce qu’il voit ces films là avec nous et non pas tout seul. Il sait qu’il y a des films et des séries qu’il ne pourra pas voir avant longtemps, au delà de la violence, ce que je crains est surtout les scènes de sexe trop explicites (il a vu par exemple l’été dernier Dead Pool mais j’ai volontairement « censuré » une scène vraiment trop cul.

Mon grand a une bonne culture cinéma, il connait pas mal de réalisateurs, il aime qu’on lui explique la mise en scène et comment a été tourné telle ou telle scène, il est passé très rapidement des dessins animés aux vrais films et j’ai compris assez tôt qu’il allait adorer ça. C’est un enfant qui n’a pas d’angoisse particulière, qui ne fait pas de cauchemar, une scène un peu dure ne va pas l’empêcher de dormir. Lorsque je disais plus haut qu’il faut bien connaitre son enfant pour aborder tel ou tel film, je parlais de ça. Nous avons appris que le Silence des agneaux passait dans notre villes, mon grand rêvait de le voir, et nous nous avions décidé qu’il était suffisamment mature pour encaisser un tel film.  En attendant la séance il a commencé à angoisser un peu, je l’ai rassuré en lui disant que si vraiment ça ne lui plaisait pas, nous sortions et puis c’est tout. Moi j’aime ce film plus que tout et j’espérais secrètement qu’il aurait le même effet sur lui que sur moi.

Cela a été au delà de ce que j’avais imaginé.

Je l’ai regardé souvent pendant le film. Concentré, glacé d’effroi, oppressé, soulagé, ébahi… Il est passé par une palette d’émotions assez dingue. Il a été soufflé par l’intensité de la scène ou Clarisse raconte sa fuite du ranch avec un Lecter en face enfermé dans sa cage carrée. Il est sorti de là abasourdi et je crois pouvoir dire que très peu de film l’ont à ce point bousculé. Ça s’appelle se prendre une claque cinématographique, c’est assez rare et c’est ça qui est bon. Il a pu prendre conscience de la force absolue d’une mise en scène magistrale, Dd la puissance d’un jeu d’acteur, de l’intérêt de la valeur d’un plan. Nous en avons discuté ensuite, et la conversation que nous avons eue a balayé d’un trait les scènes angoissantes et gores.

C’est ce que je lui ai toujours dit. Derrière la pire scène d’horreur au cinéma, il y a toute une équipe prête à dire « Coupez », un mec avec de la rubalise pour faire la circulation et une habilleuse qui attends le changement de séquence en vérifiant ses raccords. Rien n’est réel au cinéma sauf ce que le film te procure comme sentiment, comme sensation, comme émotion. Les seules choses à craindre ou à chérir sont nos émotions. À nous de trouver nos propres limites au cinéma, ce que l’on peut voir et ce que l’on ne supportera pas.

Ce soir, mon ado m’a dit que la scène la plus dure pour lui n’a pas été l’affreuse mise à mort des policiers ou encore celle (qui pour moi est insoutenable) de Catherine au fond de son trou avec le chien, mais bel et bien celle du Dialogue entre Clarisse Starling et Hannibal Lecter dans la cage au milieu de l’immense pièce. Ahlala Monsieur Demme vous nous avez tous emportés en un champs contre champs et en deux gros plans. J’ai été bluffée je dois bien l’avouer. Il a visé juste, cette scène est pour moi aussi d’une puissance rare.

Je suis super fière de mon grand gosse qui a su faire la part des choses. Ressentir des émotions grâce à un film, en comprendre les mécanismes et ne pas prendre pour argent comptant la violence de certaines scènes. Ce soir je me suis dit que j’avais eu raison de nous faire confiance en l’autorisant à voir ce chef d’oeuvre. Il était suffisamment mature pour l’apprécier à sa juste valeur et pour le mettre à distance de sa vraie vie. Il est prêt pour de nouvelles aventures cinématographiques!

Quant à moi un petit mot encore. Je n’avais jamais vu ce film au cinéma. C’est pourtant sans doute le film que j’ai le plus vu en VHS et en DVD. Je l’ai étudié à l’école de cinéma, j’ai fait mille arrêts sur image, j’ai décortiqué chaque plan… Ce film me bouleverse toujours autant et Jodie Foster reste à ce jour l’une de mes actrices fétiches. J’ai passé un merveilleux moment avec mon grand, ce genre de moment qui construisent et consolident et qui tiennent chaud quand l’adolescence fait tout valser.

Maintenant il faut que l’on trouve un autre chef d’oeuvre à lui montrer… J’ai très envie de l’emmener vers des Western en ce moment, à voir s’il accroche!

Hâte de lire vos expériences de cinéma et de films en famille.

À très vite.

Camille

Article précédent Article suivant

Lire encore...

11 commentaires

  1. Répondre isacoolpix septembre 1, 2018 à 10:15

    quel bel article, j’ai revécu le film avec vous et bravo pour tout expliquer à ton grand, faire verbaliser… c’est ce qui manque aujourd’hui avec les images de manière générale, un temps pour poser ce qu’on a ressenti… un de mes films préférés et acteurs aussi… bon weekend!

    • Répondre ritalechat septembre 1, 2018 à 11:47

      Oui je trouve de manière générale que les enfants sont trop confrontés aux images sans explications. J’ai souvent fait cette erreur notamment pour les jeux vidéo.
      Ce film est un bijou, je suis tellement contente d’avoir pu le voir sur grand écran.

  2. Répondre Chloes septembre 1, 2018 à 11:32

    Mhm j’adore ce que tu nous raconte et j’en suis ravie. Ce film est une merveille et mes parents me l’ont aussi fait voir vers mes 14 ans avec cette discussion autour ensuite. J’en garde un souvenir mémorable. Tu vois c’est la’ où Le cinéma est aussi devenu ma vie et c’est là où la ou tu me chiffonne ans ton article 😉 .. tu dis «  des dessins animés aux vrais films » Mhm.. étudiante en cinéma d’animation, je promet que certains films d’animation sont de pures merveilles qui concernent d’ailleurs certaines fois plus les adultes que les enfants.. autant scenariquement, graphiquement que par l’histoire. Si tu veux unê liste de courts métrages et longs métrages qui ont de la puissance autant que les « vrais films » je suis la 🙂 bravo en tout cas pour tes enfants! Des bisouuuus

    • Répondre ritalechat septembre 1, 2018 à 11:45

      Tu as entièrement raison. J’aurai dû écrire « long métrage » au lieu de « vrais films ». Il y a des bijoux partout et aucun genre n’a plus de légitimité qu’un autre.

  3. Répondre julie septembre 1, 2018 à 4:00

    on est tous si different face au cinema. the silence of the lamp, je l ai vu 2 fois. Et les deux fois j ai ete terorisee….avec l impossibilite de dormir. il est telement bien tourne qu on si croit. avec le film Le Vieux Fusil, il fait partie des films que je ne peux plus jamais voir!! parcontre mon fils de 10 ans adore lzs films qui font peur….avec son papa ils se font les classiques avec grand plaisir…bon on est loin de silence of the lamp mais il y viendra un jour!!!

  4. Répondre Ludivine septembre 1, 2018 à 6:37

    Très chouette article, à la maison aussi nous essayons de proposer des films avec un contenu qui change des comédies (pas toujours très fines) que mes enfants aiment voir…
    On est loin du Silence des agneaux, que j’avais vu et qui m’avait pas mal secouée mais nous avons vu Danse avec les loups, qui n’est pas un western à proprement parler mais qui est un film magnifique !
    Nous avons également regardé Captain Fantastic, merveilleux film et d’autres encore et à chaque fois nous en avons parlé, discuté du ressenti de chacun face aux aventures, aux difficultés que vivaient les personnages.
    Je suis d’accord avec toi, c’est primordial et c’est ce qui fait aussi la richesse de ce moment partagé.
    Ces films là nous les avons vus tous ensemble, avec ma fille de 11 ans et mon fils de 8 ans (à l’époque).
    Ma fille, bientôt 13 ans aujourd’hui, me tanne pour voir 13 reasons why et La Casa del papel…
    Après discussion avec ceux qui avaient vu la casa del papel (moi, ça ne me tentait pas du tout), je l’ai autorisée mais en VOSTFR ( ne jamais rater une occasion !!) et je lui ai demandé de lire 13 reasons why avant de regarder la série que cette fois j’avais vue et que je trouvais violente surtout psychologiquement… nous avons parlé de ce qu’elle avait retenu du bouquin et elle va bientôt regarder la saison 1…
    Comme tu le dis, il faut bien connaître ses enfants mais aussi savoir leur faire confiance et reconnaître leur maturité et ça, c’est pas toujours facile…

  5. Répondre Poulingue septembre 1, 2018 à 9:10

    Je suis en accord avec ce que tu dis sur la sensibilité de nos enfants face à un film. Pour exemple, mes deux enfants ont vu, aux âges respectifs de quatre et cinq ans, Princesse Mononoke. Ma fille, pourtant la plus jeune, a adoré et développe depuis (elle a aujourd’hui presque 10 ans) une véritable passion pour le cinéma d’animation japonais. Elle souhaite devenir dessinatrice. Donc aucun problème chez eux pour un dessin animé relativement violent (j’ai cru qu’il était de la même veine que Ponyo et Cie… La boulette…) Une autre fois, et au même âge, le drame a eu lieu avec Monstres et Cie. Ben ouais, mes enfants n’avaient jusque là jamais imaginé de monstres dans les placards. Cela nous a valu quelques longues explications rassurantes. Parce que tu as totalement raison, il faut discuter. Aujourd’hui, ils ont dix et onze ans. Ils viennent de lire Hunger Games et ont eu le droit de regarder les films. Parce que c’est la règle chez nous : on lit et ensuite on regarde le regard d’autres sur la même œuvre.

  6. Répondre Bobine septembre 3, 2018 à 9:46

    Je voulais juste te dire que ton article est super intéressant (ça devient tellement rare de nos jours ;)). Alors merci!

  7. Répondre bobette septembre 3, 2018 à 10:08

    J’avais 20 ans, je passais trois semaines dans le Jura avec ma meilleure amie, dans un village adorable et un peu paumé .
    Le cinéma était situé dans le village même, et le chalet où nous logions se situait à 15_20 minutes à pieds, un tout petit peu plus haut dans la montagne. Ce soir là, nous avions décidé de sortir voir ce film, inconscientes que nous étions!!
    J’ai adoré, mon amie aussi. On sentait, malgré nos vingt ans ,que c’était un grand film. Mais nous sommes ressorties vers 22H30 ou 23H00, il faisait nuit…. Comment te décrire la trouille qu’on a ressentie tout le long de ce trajet au retour. Arrivées au chalet, nous avons vérifié plusieurs fois que la porte était bien fermée: L’image de Catherine prisonnière, de ces costumes macabres… BRRRR
    Quel souvenir ce film! Les scènes sont gravées dans ma mémoire et pourtant lorsque je l’ai revu il y a quelques années, j’ai été bluffée une nouvelle fois!

  8. Répondre Aurélie septembre 5, 2018 à 2:12

    Merci pour ton article! J’aime beaucoup l’approche du cinéma que tu as avec tes enfants. De mon côté c’est assez compliqué car ma fille est très sensible aux images (livre, dessin animé, cinéma) et reste marquée longuement après vu une image marquante: cauchemars, dessins, histoires, elle peut en reparler des mois. D’ailleurs d’elle-même, elle a tendance à se cacher ou à vouloir stopper un film face à une image un peu violente qu’on n’aurait pas anticipée. Nous avons essayé pas mal de choses pour l’accompagner mais rien n’a vraiment fonctionné jusqu’à présent. Nous sommes donc sans cesse ballotés entre l’envie de « l’épargner » et l’envie de la confronter pour qu’elle dépasse tout ça et apprécie… Nous n’y sommes pas encore!

  9. Répondre Samedi Dimanche. Son premier film en VO – Ritalechat septembre 22, 2019 à 6:23

    […] Je vous souhaite une très bonne semaine et si vous avez envie de continuer une lecture cinoche, je vous re-conseille ce post. […]

Laisser un commentaire