février 26, 2019

UNE EXPO S’IL VOUS PLAIT!

CULTURE GÉ
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crac setcrac sete crac seteLes vacances commencent avec quelques jours à Sète entre Violette et moi. Nous retrouvons Rodolphe le soir et nous profitons du soleil de février pour ne rien faire qui soit prévu au moins cinq minutes à l’avance.

Notre luxe ultime est dans l’oisiveté d’une journée à remplir au fil de nos envies. Dans nos emplois du temps surchargés cette journée fût pour Violette et moi comme un vrai cadeau.

Nous avons passé une grande partie de la matinée à ne rien faire (mieux que des diamants autour de nos cous) puis nous avons filé nous perdre à pied dans les ruelles de Sète. Dej au soleil, hésitation sur la taille d’un pantalon, flânerie et un café sur le port plus tard, nous avons réussi à aller là où j’avais vaguement prévu d’aller: au CRAC.

– On va voir quoi maman?

– Aucune idée ça sera une sorte de surprise.

En prenant le guide du visiteur de l’expo à l’entrée, j’ai voulu lui montrer quand même un peu mais elle a dit « Ah ben non, ne nous spoile pas, on verra bien tu as dit! »

Cette enfant me plait beaucoup vous savez?

C’est la deuxième fois que nous allons au Centre Régional d’Art Contemporain (si vous avez envie de lire ou relire notre coup de coeur pour l’expo monumentale d’Othoniel, c’est ici). Hier nous avons donc découvert « Les Yeux de W » de Laura Lamiel. La successions d’oeuvres dans ces salles immenses sont toujours assez impressionnantes. Mais pour commencer et vous expliquer une peu…

Quelques mots de la commissaire de l’exposition, Marie Cozette.

Les yeux de W convoque le corps et l’esprit des spectateurs dans un voyage intérieur où se succèdent des chambres, des cellules, des passages et des cavités que l’on arpente et traverse comme les recoins d’une mémoire, parfois vivre parfois enfouie. Tantôt lumineuse et tantôt obscure. Dans cette exposition, chaque détail agit comme les synapses labyrinthiques d’un cerveau infini dans lequel les espaces s’enchâssent les uns dans les autres, se dédoublent, se reflètent et s’enroulent sur eux-mêmes.

…/… L’artiste construit avec une minutie sans pareil chacune de ses oeuvres en conjuguant des matériaux hétérogènes, lisses grumeleux, chauds ou froids. L’acier émaillé blanc, le plexiglas, le néon se mêlent au bois vernis, au cuivre, aux grains d’encens, mais aussi au tissu, au papier ou au coton.

crac sete crac sete crac sete crac seteComment aborder une expo avec son enfant?

Voici ce que j’ai toujours fait avec mes enfants lorsque nous allons dans un musée. Cela n’a aucune valeur de conseil du genre « il faut faire comme ça », c’est simplement un partage, vous prenez ce qui vous plaît et vous laissez le reste! Tout d’abord je les préviens du comportement que j’attends d’eux. On ne touche pas les oeuvres à mons que l’expo le permette, on est pas obligé de rester devant les oeuvres si on ne le sent pas, on peut faire des demis tours, revenir sur certains endroits, on est libre tant que l’on respecte la visite des autres visiteurs.  Pour cette expo par exemple il y a avait quelques consignes à respecter: porter des sur-chaussures pour la première salle, ne pas s’approcher de plus de 50 cm des fosses et des oeuvres… Une fois que tout cela est compris, je les garde dans mon champs de vision mais il sont libre d’aller où ils veulent.

Dès ce moment là je les laisse venir aux oeuvre en les laissant parler et une fois n’est pas coutume je réponds à leurs quetsions par une autre question.

C’est quoi ça? /Toi tu vois quoi?

Elle a voulu dire quoi là l’artiste? /Toi tu penses qu’elle a voulu dire quoi?

C’est quoi tout ce rouge?  Toi tu trouves que ça ressemble à quoi? Du sang! Et ça te procure quelle émotion de voir tout ce sang? De la peur, et de la colère aussi… etc etc… vous choppez un petit bout de fil et grâce à vos questions vous déroulez toute une pelote.

Pour mes questions, je fais au feeling selon ce que je ressens face aux oeuvre. Mais bien souvent, je fais appel aux émotions, à l’imagination, à l’irrationnel, aux ressemblances. Ainsi on évite les j’aime/ j’aime pas et les c’est beau/ c’est moche.

Parfois certains enfants ont du mal à définir l’art et ont besoin qu’un artiste leur mâche le travail. Une chaise dans une salle pour un enfant c’est « Juste une chaise dans une salle » mais on peut l’amener à ce qu’il se demande pourquoi cette chaise est toute seule là, quel sentiment cela donne? Et l’ombre de cette chaise, pourquoi est-elle à ce point immense? Bref vous voyez où je veux en venir? Parler, les questionner, ne pas les laisser seul face aux émotions

J’ai toujours pensé qu’une oeuvre était un message de l’artiste. On le reçoit formulé d’une façon par l’artiste et on lui donne le sens que l’on veut, que l’on peut, que l’on ressent à l’instant précis où on la contemple, l’écoute, la vit.

C’est pour cela à mon sens que c’est assez magique d’emmener des enfants à une expo. Je garde un souvenir complètement fou de mes enfants dans les musées. Aucune limite d’âge pour moi, vous faites selon votre sensibilité et votre bon sens.

Les mots de Violette au CRAC.

« Elle triche! Elle ne fait que tricher, elle nous montre mais en fait elle nous montre pas. Regarde là, elle triche encore avec les miroirs. C’est du sang. C’est tout blanc et en dessous c’est rouge, c’est du sang je te dis. (Elle se penche pour regarder sous l’oeuvre pour comprendre comment l’artiste a pu tricher.) On a l’impression que les objets sortent de l’encens. Tu sens l’odeur des objets qui sortent?

Pendant que nous visitions l’expo des cris nous ont fait sursauter. Une guide nous a expliqué qu’il s’agissait d’un jeune homme déficient mental en thérapie qui venait régulièrement voir les expos du CRAC. Ses cris exprimaient la joie brute et sans filtre qu’il avait devant certaines oeuvres. Violette a été impressionnée de le voir faire, nous en avons parlé et finalement elle a compris à travers les cris de ce jeune homme ce que l’art pouvait procurer. Une extase, de la joie, une fascination, du dégout, un malaise, une curiosité, une adoration… Une émotion brute et difficilement descriptible…

crac sete crac sete crac seteEt puis bon quand même, sans le vouloir je me suis retrouvée habillée aux couleurs de l’expo! C’est Violette qui me l’a fait remarquer, et à ce propos si vous ne connaissez pas le travail de Stephan Draschan, je vous invite à aller voir, vous allez vous régaler de ses photos de visiteurs de musées habillés aux couleurs des tableaux qu’ils contemplent. Je ne sais pas vous mais c’est le genre de chose qui m’émeut beaucoup!

N’hésitez pas à me parler de vos coup de coeur avec vos enfant dans des expos, à partager leur perle!

Je vous embrasse.

Camille

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6 commentaires

  1. Répondre Anyo février 26, 2019 à 9:49

    J’adore cette photo de toi ! En plus elle me rappelle une photo des enfants et mon mari devant 5 cruches colorés au musée d’art moderne à Lille où chacun avait la même couleur que l’oeuvre.
    J’aime beaucoup ton approche pour les visites avec les enfants et de centrer sur les émotions. Ce soir à table on parlait de Marcel Duchamp, de feuilles gribouillées, de monochrome etc et les enfants se demandaient « qui decide que c’est une oeuvre d’art? »
    Vaste sujet quand on veut vite les coucher pour avoir une soirée tranquille !!

  2. Répondre Ferre février 26, 2019 à 10:04

    Qu’est ce que j’aime vos articles, vous nous amenez ailleurs et vous arrivez a nous faire sortir de notre quotidien.
    Le lieu où j’ai pris le plus de plaisir à aller a des expositions c’était Londres. Nous étions y aller en juin, et nous logions proche de Hyde Park. Grâce à l’application Google que faire autour de vous, nous sommes tombés sur une exposition temporaire sur la civilisation Afro. La lumière des tableaux était magique…..

  3. Répondre Charlotte - Enfance Joyeuse février 27, 2019 à 11:26

    C’est super original comme idée de sortie avec un enfant ! Merci pour ce partage ! (Et ces très belles photos !)

  4. Répondre Aurélie février 27, 2019 à 1:43

    Bonjour Camille,

    J’aime beaucoup ton article il correspond à ma façon d’aborder les expositions avec mes enfants surtout le grand qui a l’âge de Violette. J’ai travaillé dans l’art contemporain 3 ans dans la région LR et mon meilleur souvenir c’est d’avoir été selectionner avec mon fils qui avait 3 ans à l’époque des œuvres dans l’atelier de Claude Vialla à Nîmes et d’avoir été ensuite au restaurant avec sa femme. Mais si par hasard tu passes par Sigean tu peux t’arreter au Lieu d’Art Contemporain c’est à ma belle famille et c’est un lieu superbe ou l’on peut faire de très belles photos.

  5. Répondre Bricole février 27, 2019 à 7:35

    Merci pour la découverte de Stephan Draschan!
    Ma plus grande fierté dans la relation art/enfant, c’est mon fils qui me dit : tu sais Maman, ce tableau je ne le trouve pas beau, mais il je l’aime bien parce qu’il me fait rire !
    J’ai été une enfant laissée très libre dans les musées (du moment que le respect des autres et des oeuvres étaient là), à même pouvoir m’allonger devant une oeuvre ou jouer dans les couloirs, et j’en suis infiniement reconnaissante à mes parents et mes tantes !

  6. Répondre Lilou&Cie mars 1, 2019 à 10:11

    You rock !!! Et merci pour la découverte de Stephan Draschan. J’adore !!!

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