avril 8, 2019

JE TE VOIS GRANDIR.

ADO, PARENTALITÉ
.

On était dans la voiture. Je conduisais en silence, Violette lisait à l’arrière et lui était dans ses pensées à côté de moi.

J’ai posé ma main sur la sienne. Elle est restée là longuement et j’ai senti l’étreinte de l’émotion de ce contact simple et tellement doux. Un contact que n’avons plus si souvent lui et moi.

Quelques larmes au bord des paupières tentaient vainement de s’accrocher à mes cils pour ne pas rouler trop vite le long de mes joues.

D’un revers de l’index j’ai essuyé mes yeux et j’ai dit:

– Ça m’émeut beaucoup cette caresse sur ta main.

– Pourquoi ? A-t-il répondu.

Et très doucement un peu comme on parle à l’autre comme on se parlerait à soi je lui ai dit.

-Parce que ça fait du bien cette tendresse entre nous. Parce qu’en ce moment pour moi ça n’est pas facile d’être ta maman. Comme pour toi ce ne doit pas être facile d’être mon fils.

Il a tourné la tête et malgré la fierté de ses bientôt quinze ans j’ai senti que j’avais visé juste.

Ses cils à lui non plus n’ont rien pu retenir.

 

Ce matin devant son collège, alors que c’était presque l’heure il a déposé un bisou sur ma joue. Et dans un claquement de portière il m’a lancé son plus beau sourire.

Je me souviendrai je crois longtemps de ce moment de grâce et de vérité au feu rouge du Cadereau. À côté de Violette sur le siège à l’arrière il y avait un énorme bouquet et la voiture embaumait les lilas que je venais de cueillir.

Se parler et dire nos émotions.

J’aurais pu me taire et garder ce sentiment-là pour moi. J’ai préféré dire ce que je ressentais pour lui à ce moment précis. Même si c’était dur à dire et surement dur à entende. J’ai senti ce matin que nous étions soulagé l’un de l’autre.

Hier dans la voiture ça disait.

Je suis peinée souvent, je suis contredite et rabrouée, ça tangue entre nous deux mais c’est normal. Je te vois grandir, j’accepte que tu t’opposes mais je veux que tu acceptes aussi que ce soit parfois rude pour une mère d’être remise en question à chaque instant. Parfois j’ai l’impression d’être dans un tambour de machine à laver, dans un manège qui ferait des vrilles sans cesse. Nos désaccords te construisent comme ils m’ épuisent. Pour un moment encore je reste pas loin. Je tangue oui, mais je ne bouge pas.

Je te vois grandir. Et je t’aime.

Ta maman.

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39 commentaires

  1. Répondre MarieP avril 8, 2019 à 6:34

    Moi qui élève seule mon fils, sans jamais d aide paternelle, c est tres souvent qu en voiture je prends la main de mon ado de 13 ans . Et il ne la repousse jamais . C est ma façon de lui dire que je l’aime meme si je le lui dis souvent avec des mots aussi. C’est aussi parfois pour faire la paix si on a eu des mots.
    L autre jour ,alors que nous faisions des courses ensemble il m’a dit  » maman tu sais , papa n’est plus là et c est pas grave parce que ca a renforcé notre complicité et c’est tant pis pour lui s il est absent de ma vie  »
    Que répondre à ça…?

  2. Répondre Magdalena avril 8, 2019 à 7:09

    Ta façon de raconter est tellement belle. Je me garde tes mots dans un coin de ma tête ( de mon cœur) pour dans quelques années…. ♡

    • Répondre Mogat avril 10, 2019 à 5:09

      Quelle grâce dans vos mots,cette déclaration pour votre fils est très belle il a de ma chance c est chouette ,l adolescence période compliquée pour nos ados,mais aussi pour ne les mamans vos ressentis sont similaires aux miens,je cherche et suis souvent très maladroite avec mon fils de 14 ans ,vos mots m ont touchés profondément ils m ont fait ressortir une facette de moi que j essaye d améliorer et grâce à vos mots cela me conforte de continuer de persévérer, et oui c est épuisant .
      MERCI Camille. 🙏

      • Répondre Ritalechat avril 10, 2019 à 8:57

        Merci beaucoup pour ces mots si gentils.

  3. Répondre Silo avril 8, 2019 à 7:12

    Toujours poser les mots, les émotions, il me semble avec le recul de 3 ados devenus adultes, et 2 ados en cours, que c’est l’essentiel et que ça nous construit, nous consolidés, des 2 côtés.
    Tu as toujours des mots si juste <3

  4. Répondre Lenie avril 8, 2019 à 7:14

    Nos ados …. 😍 Le mien a presque 13 ans et je vois l’homme en devenir. J’aime sa douceur, sa force et sa tendresse.
    Mais ses états d’âme, son hypersensibilité, ses questionnements intérieurs m’epuisent. Docteur Jekyll et Mister Hyde, je le nomme secrètement. 😉
    Plus que tout, je chéris notre complicité, j’espere la préserver le plus longtemps possible.
    Et j’essaie de trouver la force de le laisser s’envoler, faire ses propres chutes et s’en relever seul, avec force et fierté. J’ai encore beaucoup beaucoup de travail sur ce lâcher prise de mon bébé plus si petit. 😍

  5. Répondre Stef avril 8, 2019 à 7:32

    Touchée en plein ❤️par tes mots Camille je t’embrasse stef

  6. Répondre Telkris avril 8, 2019 à 7:32

    Mon fils de 16 ans 1/2 m’a demandé si sa petite amie pouvait venir dormir à la maison pendant les vacances…. Un coup de poignard dans mon petit cœur de maman ! C’est bête… Et en même temps je suis fière de cette communication que j’ai réussi à établir avec lui. Je ne suis pas sa confidente ou son amie mais il sait qu’il peut compter sur moi et lorsqu’il faut échanger de questions sérieuses, il me consulte sans détours… C’est mon aîné ! J’ai appris à être maman avec lui et je continue ma formation jour après jours… 😉

  7. Répondre bonneau yvana avril 8, 2019 à 7:36

    • Répondre Ritalechat avril 8, 2019 à 8:11

      Ahhh tu arrives à commenter! BRAVO! (hihihi)

  8. Répondre Delphine avril 8, 2019 à 7:52

    Putain moi aussi j’ai les larmes au bout des cils !!!! Ma fille va juste avoir 10 ans et pourtant je sens que c’est la prochaine etape….. ça m’angoisse autant que ça m’excite !!! Les accompagner dans leur chemin :quelle chance et quelle pression ! Tous ces paradoxes de parents, merci de partager les tiens😘

  9. Répondre Yellow grey avril 8, 2019 à 8:27

    C’est simple et beau. J’aime.
    Ps. Comme le blog

  10. Répondre Pauline avril 8, 2019 à 8:42

    Pour être aujourd’hui plus l’adulte qui était il n’y a pas si longtemps l’ado je trouve ces mots si beaux et tellement justes et remplis d’amour.
    Merci pour le partage de ce moment d’intimité et d’émotions.

  11. Répondre Celine avril 8, 2019 à 9:39

    Tes textes me touchent toujours. Tu viens de donner une clé qui pourra me servir dans quelques années je pense…. moi qui ai tellement souffert du manque de communication avec mes parents, alors qu’il suffit de quelques mots tout simple pour garder la porte ouvert. Merci 💛

  12. Répondre Rim avril 9, 2019 à 4:19

    Sublime

  13. Répondre Anne avril 9, 2019 à 5:11

    C’est très beau tes mots pour décrire ces situations…Et ces émotions font écho à celles qui nous animent avec mon ado de 13 ans. C’est vrai que c’est un peu chaotique cette adolescence, ça étire nos émotions dans tous les sens, ça teste les limites de nos tolérances. On rit aussi beaucoup mais la petite larme est jamais loin. Pour lui comme pour moi. Et retrouver tout ça dans les mots que tu partages , ça fait du bien.
    Te lire fait beaucoup de bien. Merci

  14. Répondre Sophie S.- du merveilleux avril 9, 2019 à 5:11

    Rien que pour ce genre de jolies tranches de vie, les blogs ne doivent pas s’éteindre.
    Je me souviendrai, quand mon grand sera un ado, d’avoir lu tes écorchures de mère ici, et peut-être que je reviendrai les lire.

  15. Répondre Petites Marionnettes avril 9, 2019 à 7:58

    C’est exactement ça… Parfois un moment de grâce quand on peut se dire, à mots posés, que l’on tient l’une à l’autre, en dehors du charivari du quotidien.
    Elle sait que je l’aime et que je suis fière d’elle, même si je m’en prends plein la tête 😉
    Gros bisous!
    Marion

  16. Répondre Anne B avril 9, 2019 à 8:00

    C’est vrai qu’avec nos ados, on est bien souvent malmené… J’aime beaucoup cette image du tambour du lave-linge : à un instant, ça s’arrête et on croit que c’est bon et puis l’essorage continue de plus belle…Mais, il arrive aussi ce moment où la lessive terminée, on respire et on étend cette nouvelle création et je te promets que ça vaut le coup ! (Anne maman de deux post-ados de 17 et 19 ans qui en a bien bavé et qui aujourd’hui contemple ces deux êtres nouveaux)

  17. Répondre Josiane GELAUFF avril 9, 2019 à 8:29

    Submergée par l’émotion, moi aussi des larmes au bord des cils.

  18. Répondre sev avril 9, 2019 à 9:10

    « Nos désaccords te construisent comme ils m’ épuisent ».

    cette phrase est si juste, parfaitement écrite…je la garde telle quelle pour mon ado (qui est unE ado)

  19. Répondre Céline avril 9, 2019 à 9:45

    et bim, je pleure…Merci.

  20. Répondre ceciel avril 9, 2019 à 11:03

    Et voilà que je chouine…

    Ma grande a 12 ans et je tente aussi de garder ces petits contacts physiques si précieux et si immédiat qui permettent de s’aimer encore quand les mots n’y arrivent plus …

  21. Répondre petitsruisseauxgrandesrivieres avril 9, 2019 à 12:05

    Quel joli texte, si vrai et si touchant… bravo d’avoir été au delà de la pudeur entre vous, c’est un pas difficile et je t’admire de l’avoir franchi.

  22. Répondre Audrey Nicolas avril 9, 2019 à 12:27

    Mon fils à bientôt 5 ans… Et déjà souvent je me suis dit « ahhh c’est le meilleur âge »
    Lorsqu’il avait 6 mois, puis lorsqu’il avait un an, puis lorsqu’il a eu 3 ans… Parce qu’à chaque fois je tenais quelque chose de beau, de fugace, de lui que je savais en mouvement, en apprentissage et surtout je savais et je sais qu’il évolue, il change, et demain ce ne sera déjà plus le même.

    Ça m’émeut de le voir devenir quelqu’un d’autre…

    À chaque moment ses difficultés et ses joies, c’est ça être mère non ??

    Ton article résonne très fort

    Je tembrasse

    Audrey

  23. Répondre PetitDiable avril 9, 2019 à 12:58

    Comme c’est joli et plein d’émotions. C’est chouette de réussir à les dire. Souvent les miennes restent en dedans.

  24. Répondre KATIA GREGOIRE avril 9, 2019 à 6:46

    tes mots me font du bien , moi qui ai tant de mal à exprimer mes émotions !

  25. Répondre Charlotte irisdanslevent avril 9, 2019 à 7:14

    J’ai bu chacun de tes mots douce Camille et je comprends comme cette caresse à pu te réchauffer le coeur… En ce moment moi je suis maman d’une ado de 3 ans, bientôt 1 an qu’elle parle déjà comme un livre, écoute soigneusement chaque mot dit et chaque chose faite pour bien noter et nous signifier la moindre petite contradiction qui pourrait exister dans les chemins qu’on lui propose, qu’elle s’oppose à des choses bêtes y compris celles qui mettent en péril sa sécurité et sa santé, qu’elle part dans des crises d’anthologie quand quelque chose ne la porte pas dans le sens qu’elle espérait ou qu’elle se met à espérer dans la seconde même – pourvu que ce soit parfaitement contraire à ce qu’on lui demande…- mais autant de temps qu’elle apprend et que j’apprends, qu’on se fâche, qu’on se chamaille, qu’elle me dit que je suis méchante mais que je continue à l’aimer (après avoir soufflé un bon coup dans la salle de bain ou pleuré à la cave pour ne pas lui montrer qu’à chaque fin d’envoi elle touche) et qu’elle continue de m’aimer aussi je crois… autant de temps qu’elle ne me fais pas trop de câlin et que les gestes tendre je les cherche aussi, mais que je me dis qu’elle se construit, et qu’elle sera forte ma fille, et que je veux aussi qu’elle le soit finalement… on dit qu’une grosse guerre des horrible two (horrible three aussi donc…) font des crises d’adolescence douces… pourvu que……. en tout cas je reste sûre que ce que l’on apprend à nos enfants de respect et de douceur lorsqu’ils sont petits reste le terreau de ce qu’ils sont adultes, même si adolescents ils essaient de le brûler parfois pour nous nous bousculer et tenter d’autres voies… déconstruire pour mieux construire, ce besoin c’est un peu comme le premier gros mot, on le dit pour montrer qu’on est un grand maintenant et qu’on décide de braver l’interdit puis on le range et il ne ressort que dans les moments nécessaires… mais oui putain que ça fait mal parfois d’être parent et surtout dans les moments où l’autre est absent pour prendre la balle au rebond… foutus gosses !! Faut-il qu’on vous aime !!!

    • Répondre Ritalechat avril 10, 2019 à 9:03

      C’est magnifique Charlotte ce que tu écris. Déconstruire pour se construire, c’est complètement ça. c’est assez dur à vivre je dois dire:-)
      Je t’embrasse fort my dear

  26. Répondre Charlotte - Enfance Joyeuse avril 9, 2019 à 7:37

    Quel magnifique texte… <3

    • Répondre Ritalechat avril 10, 2019 à 8:58

      Merci de passer par là et de prendre le temps de m’écrire.

  27. Répondre Louise Ethelma avril 10, 2019 à 5:38

    Et bien moi qui ne commentait jamais avant, j’ai envie de laisser plus de petits mots ici plutôt que sur Insta, aussi parce tu as travaillé fort pour que ça soit plus facile dans laisser ici. Moi je suis une adulte en devenir, et j’observe depuis un moment maintenant les jolis moments que tu déposes virtuellement, je suis chaque fois touchée par tes mots, alors que pourtant je ne suis pas souvent concernée. Comme aujourd’hui. Mais ce que c’est beau. Tu m’as émue, merci pour ça.

  28. Répondre Louise Ethelma avril 10, 2019 à 5:39

    D’en laisser* mes doigts ont flageolé avec moi !

  29. Répondre Zouillette avril 10, 2019 à 9:01

    Touchée en plein cœur, merçi

  30. Répondre ludivine avril 11, 2019 à 8:22

    Magifique texte Camille et je crois bien que ces quelques mots vont m’aider egalement avec mon 13ans <3
    Merci <3

  31. Répondre Charlotre avril 12, 2019 à 12:32

    J’ai pleuré mais pleuré tellement c’est beau ce que tu racontes.

  32. Répondre lorencel avril 13, 2019 à 6:40

    tout est dans les mots, ceux échangés avec l ado et ceux que tu viens de livrer sur ce très nouveau joli blog….tout résonne en mois, merciiii

  33. Répondre Julia31 avril 14, 2019 à 7:45

    Il n’a que 5 ans pour quelques jours encore mais je garderai en tête tes mots quand ça deviendra compliqué d’être sa maman, mes cils ont été le rempart de mes larmes en lisant ces lignes magnifiques …ce qui m’a touché le plus ? Que tu sois parfois peinée et rabrouée …je crois que ma mère se sent encore comme ça parfois avec moi alors que j’ai presque 37 ans …à quel moment on devient comme ça avec l’être qui nous aime le plus au monde ? Et pourtant je l’aime et c’est mon phare dans toutes les tempêtes que je peux traverser autant qu’elle m’agace …dans les moments où je lui ressemble le plus ☺️ Merci Camille

  34. Répondre Julie avril 15, 2019 à 1:54

    Et voilà que je pleure… comme tu écris bien, tu trouves les mots..
    Mon fils a 7 ans et je le sens déjà sortir de l’enfance par moment (et par moment il redevient un gros bébé aussi ^^).. mais bref… pff… rho lala.. bah voilà je n’ai pas les mots, je suis émue.
    Merci à toi de continuer à écrire ici !

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