mai 10, 2019

Quand il n’est pas là.

J'ÉCRIS
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Quand il n’est pas là, les algues s’accrochent un peu sur les bords et c’est la banquette du jardin que je repêche au fond de la piscine.

Quand il n’est pas là, plus aucun enfant ne dort avec moi, j’ai dit stop un jour mais je continue de dormir de son côté à lui; près de la porte, prête à bondir. D’ailleurs au bout de tant de temps je crois que ça devient un peu mon côté non?

Quand il n’est pas là je range la maison un jour sur deux, ou trois ou quatre. Mais l’évier est toujours vide et propre quand je monte me coucher et la table du petit déjeuner est mise.

Quand il n’est pas là, je rêve de voyages et de week-end que nous ne feront pas. Parce qu’il n’est pas là assez longtemps.

Je me sens forte quand il n’est pas là. Puissante et capable. Quand il n’est pas là je suis solide pour deux.

Quand il n’est pas là, j’écoute France Inter, je mets les chansons que j’aime, je chante à tue tête sous le regard mi-médusé mi-amusé des enfants ou des chats.

Quand il n’est pas là je danse comme une possédée. Parfois même quand il est là je fais ça.

Quand il n’est pas là ses BD bien alignées n’attendent que lui.

Quand il n’est pas là Émilie me demande si je tiens le coup un peu tous les jours et justement grâce à ça je tiens mieux le coup.

La ratatouille de ma mère et les keftas grillées de mon père sont encore meilleures quand il n’est pas là.

Quand il n’est pas là, je cours, je peste, je ris, je râle, j’embrasse et je console, je gronde et je cajole. Je cuisine, je lave, j’étends, je conduis, j’accompagne. Quand il n’est pas là je fais des grands discours, j’aime, j’écoute. Je pense à lui mais pas trop souvent sinon je languis. Quand il n’est pas là, je travaille mieux parce que je n’ai pas envie de lui faire un bisou toutes les cinq minutes.

En fait si, j’ai envie. Mais il n’est pas là.

Quand il n’est pas là, on s’engueule au téléphone parfois et on s’excuse par texto. On appelle pour faire passer un trajet, pour rien ou pour vider son sac. On parle au moment de l’apéro. Un bière ou un ticket de métro à la main. Ça dépend de quel côté du téléphone on est. Quand il n’est pas là j’ai hâte qu’il rentre et j’aime de moins en moins le téléphone.

Quand il n’est pas là, je sais que ce n’est pas facile pour lui d’être loin de sa maison. Du jardin, de nous, alors je lui envoie des photos de notre quotidien, du lierre que je dégomme, des roses qui éclosent et des chats qui ne font rien. Comme d’habitude.

Quand il n’est pas là, j’achète des outils que l’on a déjà.

Il y a toujours une souris qui se balade dans l’arrière cuisine quand il n’est pas là. C’est marrant cette manie n’est-ce-pas?

Quand il n’est pas là, je me dis que le prix de notre nouvelle vie est parfois un peu dur à payer mais que s’il fallait recommencer j’irais mille fois. Quand il n’est pas là; je suis une mère et deux pères, je suis une et deux et puis trois parfois. Je me dédouble, je suis partout, parfois même je ne suis nulle part mais très vite je me recentre.

Quand il n’est pas là, j’ai le coeur qui chavire oui, mais encore plus quand il revient. Quand il n’est pas là je regarde mes séries, je me couche tard, je m’endors dans le dernier souffle d’énergie qui me reste, jamais avant.

Quand il n’est pas là, ça va. Parce que je sais que ce n’est pas pour toujours. Il rentre ce soir. Ou demain…

Un bisou spécial à celles ou ceux qui vivent loin de leur moitié.e. Et encore plus spécial à celle qui m’avait inspiré le même billet il y a un peu plus de quatre ans maintenant.

Pour lire l’évolution… le billet est là.

Je vous embrasse.

 

 

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18 commentaires

  1. Répondre Marjoliemaman mai 10, 2019 à 1:56

    Je me souviens de ton premier billet, de mon premier billet et de celui d’Isa qui m’avait sûrement inspiré le mien… Il y a plein de choses qui me parlent, tu le sais. Tu m’a donné envie de remettre le mien « à jour ».
    PS : le mien rentre dans 4 heures et le tien ?

    • Répondre Ritalechat mai 10, 2019 à 2:01

      Dans huit! (hâte de te lire my dear)

  2. Répondre Sophie S. - du merveilleux mai 10, 2019 à 2:27

    Oh que c’est beau, entre la merveilleuse déclaration d’amour et l’auto-congratulation qui fait du bien, parce que purée, c’est pas facile d’être une maman, alors une maman solo la majeure partie du temps, je n’imagine pas !
    Belle journée !

  3. Répondre Anne mai 10, 2019 à 3:01

    Je pensais justement à vous ce matin. Cela fait un an que je me retrouve souvent maman solo. Les rythmes sont différents, les habitudes aussi. C’est moins difficile que je ne l’imaginais. Par contre j’ai l’impression de n’avoir le temps de rien, d’être un peu enfermée. Heureusement, les copines parfois migrent chez moi le soir, à défaut de pouvoir sortir. Bon courage à toutes les mamans solo sans être divorcées, nous sommes une armée!

  4. Répondre Nathalie mai 10, 2019 à 5:56

    Moi je ne vis pas ça. Il part de temps en temos pour des missions. Le premier jour, je me sens amputée. Puis je reprends le dessus. Finalement je trouve que le retour est plus compliqué. Le voir revenir réjoui, presque sans aucune idée de ce qu’on a morflé. J’ai du mal à écouter ses récits et à regarder ses photos. Je t’admire de savoir célébrer et « jouir » de son retour. Bonnes retrouvailles! Je vous embrasse tous les quatre. 💟

    • Répondre Ritalechat mai 14, 2019 à 9:29

      Parfois les retours sont difficiles c’est vrai. J’ai eu un épisode comme ça. Impossible de me réjouir pour lui, je l’écoutais à moitié. Je lui en voulais en fait alors qu’en fait il n’y est pas pour grand chose…

  5. Répondre EmilieElleAime mai 10, 2019 à 7:09

    Et « quand il est là », tu nous le fais quand ce billet???! Ça serait rigolo j’en suis sûre!!!
    Love sur vous les chéris, profitez du week-end ❤️🥰😍💏❤️

    • Répondre Ritalechat mai 14, 2019 à 8:53

      Ce serait sympa à faire tu as raison!!

  6. Répondre Maryjolie24 mai 10, 2019 à 7:40

    Tes mots m’ont tiré les larmes aux yeux… maman solo depuis septembre, je ne vois mon chéri qu’aux vacances scolaires. Et que c’est dur… Ce que tu décris me parle tellement et me donne même envie d’écrire à mon tour. Ce qui est sûr, c’est que c’est une expérience qui nous construit et qui restera à jamais gravée en nous…

    • Répondre Ritalechat mai 14, 2019 à 9:28

      Oui je suis de ton avis, c’est une période dont on se souviendras… elle nous construit c’est vrai.

  7. Répondre Anne d'Ardèche mai 11, 2019 à 11:19

    Merci Camille pour ce texte magnifique, pour tout. Mon homme à moi part 32 jours au loin (et encore, on a la chance de pouvoir s’appeler presque tous les soirs et après il est 32 jours entiers à la maison). C’est long, très long, je tire la langue… assurer le quotidien dans une maison en travaux avec toit qui fuit et tout, la peine des enfants aussi, et le boulot… pfff… trop… mais en même temps, je me sens parfois super forte, j’y arrive, si on réfléchit bien ! Tes petites phrases par ci par là me sont précieuses, je me sens moins seule, je sais que si je craque, je suis juste normale… Je voulais aussi remercier tes enfants qui me font mourir de rire régulièrement. Hier, j’ai montré les films des essayages à mes enfants, en leur disant qu’ils pouvaient eux-aussi faire des trucs comme ça ! Merci Camille pour ta joie de vivre, tes coups de gueule, ton franc-parler et tes éclats de rire. Merci pour la lumière que tu dégages, même en virtuel !

    • Répondre Ritalechat mai 14, 2019 à 9:27

      Mais qu’il est doux à lire ton message, c’est moi qui te dis merci d’avoir eu de si gentils mots. Je me les garde jalousement. <3

  8. Répondre Charlotte @irisdanslevent mai 13, 2019 à 7:17

    Quand il n’est pas là je suis 100% comme toi… moitié brin d’herbe libre et fou dans le vent, moitié mur de vieilles pierres solide mais qui se délite doucement en attendant que l’on reprenne soin de lui… plus que 3 semaines sur 8…

    • Répondre Ritalechat mai 14, 2019 à 9:26

      Courage et gros bisous!!!

  9. Répondre Caroline mai 14, 2019 à 10:20

    Quand il n’est pas là…. effectivement la maison tourne différemment mais elle tourne. Des hauts, des bas, des très bas, et puis on a pas le choix alors ça repart. C’est particulier et je pense que seules celles qui le vivent peuvent le comprendre. Mes parents et ma soeur sont loin. Au bout de 14 ans de cette vie, je suis toujours incapable de dire à ma famille quand ça ne va pas. « tu es forte toi, tu ne te plains jamais et puis tu as l’habitude ». On.ne s’habitue jamais d’autant que certains départs se font dans des pays dits volatiles! ( bref où c’est la merde en fait !) . 14 ans de célibat par intermittence ….je commence à fatiguer, vraiment…. merci Camille pour tes mots

  10. Répondre Jade mai 21, 2019 à 2:42

    J’ai vécu 4 ans sans lui et l’on se voyait 7 semaines par année…4 ans de solitude dans une grande maison vide loin de la ville avec mon chat. Avec le recul, ces années m’ont abîmées et m’ont aussi rendues plus fortes, c’est un sentiment étrange.
    Merci pour tes mots

  11. Répondre Aurélie juin 17, 2019 à 7:23

    Il doit être touché de cette jolie déclaration

    • Répondre Ritalechat juin 17, 2019 à 7:44

      Il ne dit rien mais je sais qu’il n’en pense pas moins 🙂

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