novembre 17, 2015

PARIS ET LES JOLIS CONTENANTS

LA VIE QUOI !
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twitter @ClouzalDepuis mon retour de Paris, dimanche, je me suis enfermée dans une bulle. Peu d’infos, peu d’images, juste le minimum pour restée informée. Je cherche la douceur partout, frénétiquement. Dans un pull en mohair, dans les poils des chats, dans cette couverture au crochet qui me fait mal aux mains mais que je sens de plus en plus lourde sur mes genoux au fur et à mesure de l’assemblage.

Et puis il y a ces phrases qui malgré l’effroi recommencent à tirer un sourire. Le coup des escalators là. C’est tellement Paris pour moi. Il m’est revenu en le lisant des centaines de scènes, aux halles, à la gare, dans le métro, aux galeries lafayette. Merci @Clouzal pour l’éclat de rire !

Avant de partir vendredi j’avais lu un post de Madame La Malle, elle nous montrait ses objets déco, comme elle sait si bien le faire. Et puis au milieu de son texte, une phrase.

« J’essaie de soigner les détails. J’aime remplacer les vilains contenants en plastique par de jolis objets. Je trouve que ça fait toute la différence. »

C’est tout con une phrase sortie de son contexte et sur le coup, je me suis dit: « Ah mais c’est ça qui manque ici, de jolis contenants. Céline a mis des mots sur une vague idée qui me trottait. Oui vendredi dernier, j’avais de vrais problèmes. Et puis pendant ce week end affreux, elle est revenue. « Des jolis contenants ». C’est ce qu’il me faut bien au delà du liquide vaisselle. Un environnement joyeux, un écrin. Un contenant heureux pour nos vies.

Je sais que tout ça est une métaphore, je sais que j’ai peur depuis quatre jours, peur comme avant. C’est con, j’avais réussi à me débarrasser de ça. Mais c’est revenu, ne nous voilons pas la face. Et puis il y a ce sentiment très ambivalent qui ne me quitte plus, ce sentiment d’égoïsme à l’état brut. Je n’habite plus Paris. Je ne risque pas moins que les parisiens, mais j’ai la sensation que ma forêt de micocouliers est une protection. C’est débile, je me déteste de penser ça, c’est viscéral pourtant. Ce soir l’homme part travailler à Paris, je voudrais pouvoir m’accrocher à lui pour que jamais il n’y aille. Je n’aime pas ce sentiment ambivalent et que j’ai apparemment beaucoup beaucoup de mal à coucher ici également.

J’avais écrit quelques mots lors de notre départ il y a deux ans et demi. Ça s’appelait « Paris je te quitte« , je suis retombée dessus hier par hasard et ça résume en fait parfaitement ce que j’éprouve encore aujourd’hui. La peur incontrôlée, l’amour indéfectible et le rejet.

Je ne crois pas avoir écrit billet plus décousu. Il est à l’image du bouillonnement qui m’anime. Il va me falloir plein de jolis contenants pour ranger tout ça petit à petit, et plein de petites phrases drôles comme ce tweet. Le coup de l’escalator à gauche, je le faisais constamment. Je ne m’y suis jamais faite, même après douze ans.

Je vous embrasse et je colle ici les quelques lignes dont je vous parlais plus haut. Et puis je t’embrasse aussi Mon Petit Paris.

« 

Je t’aime Paris, mais je te quitte.

J’ai bien tout regardé, les toits, les rames, tes pavés. Je garde tout. Je me souviens du pont des Arts, du doré des cadenas. Je me souviens du froid, des volets clos.
Je t’ai aimé.
Je me souviens de la caissière camerounaise du monoprix. De la petite boutique de laine. Je me souviens avoir pleuré parce que je ne retrouvais pas ma route. Je me souviens des fleuristes, qui à force de fous rires sont devenues des copines. Je me souviens d’avoir couru. Pour tout. Pour rien.
Je n’oublierai pas les bourgeons du mois d’avril. Ceux que l’on guette après avoir été trop longtemps emmitouflé.
J’aime tes boutiques, tes files d’attentes interminables. J’aime quand ma robe se soulève sur une bouche de métro. J’aime ton energie, ta folie, la vie qui virevolte.
Tu me manques déjà.
Je te laisse notre tour Eiffel en garde partagée. Prends en soin de notre petite. Je te laisse les gens seuls et assis, je te laisse la liesse, la joie, les femmes sur les trottoirs en bas de chez nous, je te laisse les places de parking introuvables.
Je te laisse Paris, je te laisse.
C’est la seine, ce sont les ponts, c’est ce gris. Ce sont tous ces pigeons à Beaubourg, c’est ce soleil timide ou brulant qui fait flamboyer les monuments. C’est Saint Eustache et Notre dame où j’allais parfois me réfugier. Ce sont les lumières des voitures sur la grande grande grande Avenue.
Ce sont les bus qui klaxonnent et les bruits de la rue, ce sont les odeurs de mon marché. Ce sont ces routes que je connais par coeur. Ce sont celles dont j’ignore l’existence et que je ne découvrirai peut être pas.
C’est tout ce que je garde en secret, les minuscules détails, une mosaïque, une odeur, une athmosphère. Les rires différents selon les quartiers, les peaux, les couleurs.
C’est tout. Paris, c’est tout ça.
J’ai eu du mal. J’ai mis longtemps. À te connaitre, à te voir vraiment. J’ai eu peur. Il faut que je te quitte pour ne plus te craindre je crois.
Mais Je n’oublierai rien.
Ni ton soleil de mars, le jour où Violette est arrivée, ni ce jour de septembre où Sacha est entré au CP, ni ce jour de janvier où j’ai visité le Louvre vide de son monde. Ni chacune des fois où je partais travailler dans un nouvel endroit.
Ni ce sentiment incroyable d’habiter au centre de toi.
Je ne veux pas oublier, les fêtes, les troquets, les bières, les amis,  les tickets de métro et les correspondances, le café des mamans et les ateliers bleus. Les légumes du mardi, les restos du vendredi. Les sushis, les ramens, les bibimbaps.

Je te quitte Paris,  je file, je vais pleurer un peu.

Et de toi je prends avec moi, tout ce qui a été bon. Fluide. Grandiose. Surprenant. Utile. Enrichissant. Palpitant. Exaltant.  Sublime. Simple. Limpide. Original. Cocasse. Habituel. Intime… Vivifiant.
Toi tu restes et moi je pars.

« 

Camille

PS: la photo des toits a été prise en  juin 2013, juste avant que nous partions, il faisait chaud et ces deux amoureux buvaient des coups à moitié à poils devant mes fenêtres. C’est une des mes photos préférée.

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6 commentaires

  1. Répondre Estellecalim novembre 17, 2015 à 10:29

    Elle est jolie cette photo et elle symbolise tellement Paris !
    Moi, ça m’énerve les gens qui ne se poussent pas, mais en même temps, je les envie. Je les vois comme notre opposé, heureux qu’ils sont de ne pas se sentir pressé, de prendre le temps d’attendre que l’escalator arrive à destination. Il y a ceux qui viennent pour la journée, ceux qui ont des valises et partent en vacances, ceux qui n’ont juste pas envie, ceux qui ont oublié… Ils sont toujours plus paisibles que ceux qui courent.

  2. Répondre Daphné novembre 17, 2015 à 10:32

    Merci pour ce second éclat de rire depuis vendredi, du coup je ne peux pas m’empêcher de partager mon premier, un commentaire de Mélisse sur le blog soisbelleetparle.fr :

    « On va sortir, picoler, danser etc… et surtout on va SE SURVEILLER POUR RESTER TOLERANTS
    parce que sinon, ils auront fait beaucoup plus de victimes.
    (j’avais une 1ere version de com’ –> on va s’aimer https://www.youtube.com/watch?v=WztHDF3qVAQ et je me suis dit qu’on était assez trauma comme ça, non ?) »

    Et si on partageait aussi ce qui nous fait rire pour célébrer la vie?

  3. Répondre Christelle novembre 17, 2015 à 11:03

    Tes mots si doux… Si justes…

  4. Répondre PTAK novembre 17, 2015 à 11:18

    <3

  5. Répondre jennyjenn novembre 17, 2015 à 2:03

    Coucou,
    j’ai exactement le même sentiment que toi, je suis dans ma campagne, pourtant à 1/4 d’heure de Toulouse, mais je m’y sens en sécurité. Bien sûr, tout ça peut arriver n’importe où. Mais je suis tellement soulagée de n’avoir qu’à prendre ma voiture pour déposer PAblo à l’école du village, Mila chez la nounou juste à côté et aller travailler dans un quartier calme en périphérie de ma grande ville. Alors oui c’est peut être un peu égoïste mais pourquoi avoir honte de se sentir soulagée d’un poids quotidien qui serait de prendre le métro ou de simplement déambuler dans une grande ville? Je suis déjà du genre à stresser pour tout le monde autour de moi, même les gens que je ne connais pas, tout ça m’angoisse, alors autant qu’au moins pour moi et mes enfants je me sente à peu près tranquille. J’ai aussi quitté Paris il y a très longtemps, je l’aime aussi, mais la vie est bien plus douce ici .(Bon ces derniers jours on a eu plusieurs signalements de bambins concernant un monsieur qui souhaiterait les ramener chez eux si tu vois ce que je veux dire, ça n’a rien à voir, mais on est un peu en état de veille permanente sur les villages à 15km à la ronde). Sinon je n’ai de cesse de répéter à mon petit Pablo qu’il faut continuer à vivre parce sinon les méchants gagneront et obtiendront tout ce qu’ils veulent de nous : que nous soyons terrorrisés. Et en disant ça je sais que je lui mens, parce que je suis la première à me dire que je vais éviter les grands magasins les samedis du mois de décembre… Alors je m’efforce pour lui d’appliquer ce que je dis. Nous irons au cinéma mercredi après midi, comme prévu…Et son anniversaire se passera bien au mc do en décembre (mon Dieu je m’étais toujours dit pas d’anniversaire au mc do!!!Pourquoi ai je cédé 2 jours avant que tout ne rebascule dans la barbarie!!!)Une promesse est une prommesse et on continuera à vivre comme bon nous semble (ou comme il nous avait semblé avant tout ça)
    Je suis désolée, c’est décousu aussi, je crois qu’on est tous un peu dans un état proche de l’Ohio! le temps d’absorber le choc surement….

  6. Répondre Clémentine novembre 18, 2015 à 4:05

    Et nous, on reste à Paris, aussi un peu pour vous qui l’aimez de loin.
    Et même si c’est affreusement dur, on doit braver la peur et la tristesse, affronter les gerbes de fleurs et les trous de kalachnikov sur nos murs, les regards tristes et les bougies qu’on rallume, et sortir. Continuer à vivre, à rire et par dessus tout à aimer.
    Merci pour ce si bel article.
    <3

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