J’ai hérité de plusieurs boites à couture. Celle de ma grand mère paternelle, celle de ma tante ou encore celle de mon arrière grand mère. Elles n’étaient pas toujours bien organisées, ou stockées dans des bacs en plastiques trop vieux. Toutes ces cousettes ont terminé dans mon meuble de mercerie. Tout y est bien classé, les époques et les vies se mélangent mais les épingles sont entre elles, les boutons rassemblés et les élastiques tous bien triés. Je suis à la tête d’une dizaine de mètres rubans, d’un bon nombre de ciseaux cranteurs et de toutes les sortes de biais et de bobines. Je suis comme ça, je ne jète aucune mercerie, je ne peux pas. Ce sont les femmes de ma famille qui ont accumulé tous ces trésors, j’en prend soin, je les utilise, je les garde jalousement, comme on prend soin de ses souvenirs et de ses racines.
Il me reste une boite.
La seule que je garde intacte. Celle de la maman de Rod. Je l’ouvre avec délicatesse de temps en temps, je regarde tout avec précaution et tendresse. Cette dame que je n’ai pas connue mais qui fait partie de nos vies, y a laissé des petits bouts d’âme. Une bobine de fil presque terminée, des rubans au nom de son petit garçon pour marquer ses affaires, une boite de bonbons suisses pleine de boutons dépareillés.
Je suis sensible à l’histoire d’une vie où qu’elle se cache. Mon imagination se ballade au gré des pressions et des morceaux de ruban. Je garde précieusement pour Violette ce petit trésor de rien du tout.
Toute cassée, toute recollée, une boite jaunie par le temps. Une boite comme un murmure, une empreinte de vie. Les gens partent. Les fils restent.
18 commentaires
Ça c’est de la jolie transmission comme j’ aime, tu as raison de conserver toutes ces belles choses qui doivent t’ en murmurer des secrets…A Lyon il y a une boutique qui vend beaucoup d’objets de mercerie anciens tu serais surement ravie de voir tous ces trésors. Des bises
Ohhhh comme ce post résonne en moi… Si doux et poétique. Ma maman m’a aussi fabriqué un nuancier Pantone avec les fils légués par ma grand-mère (bigoudène et couturière)… Y plonger le nez et les yeux, et retomber en enfance.
J’ai celle de ma grand-mère depuis sa disparition en 2002. Je ne m’en servais pas beaucoup (contrairement à la centaine d’aiguilles à tricoter qu’elle m’a également laissée): j’ai appris à coudre il y a trois semaines. Depuis, c’est un bonheur intense de la faire revivre un peu à travers ses outils.
ah les aiguilles à tricoter! je n’aurai pas assez d’une vie pour utiliser tout ce que j’ai pu récupérer aussi! mes préférées sont très vieilles en plastique, d’un rose furieusement kitch! mais je les aime d’amour!
Pfiou, une fois de plus, tu fais mouches et tu me touches infiniment. Des baisers.
Je suis comme toi et te lire me donne des frissons !
Et je pleure car je n’ai pas encore eu le courage de trouver dans la maison une place pour les fils et les boutons de maman rapportés il y a 2 mois après l’affreuse nouvelle de sa disparition. C’etait tellement ELLE.
Tout pareil. J’ai eu la chance d’avoir la trousse de couture de ma mamy lorsque l’on a commencé à vider ses armoires. Elle est toujours bien en vie mais dans un home loin de moi et avoir ses fils et aiguilles adoucit ma peine de la voir si peu souvent 🙂
Un si joli post encore…merci
on m’a fait don de boites à coutures comme ça et tout est maintenant trié et gardé avec amour. J’ai aussi les aiguilles à tricoter de ma grand-mère… dans une housse cousue par elle. J’adore.
Un vrai trésor…
bonjour, toujours des si jolis post à lire… et jolies photos! oh…la boîte « zytglogge de berne »^^…moi j’ai hérié la machine à coudre singer de mon arrière grande mère, une petite machine à coudre -viellie- pour enfant (ma fille et ravie^^) la machine à coudre et les affaires de mercerie de ma belle mère , j’adore sourtou les viellies boites ou se cachent des boutons, des roubans… merci de partager ces belles choses avec nous ^___^
Ma grand-mère, couturière de métier, est bien vivante mais ne se sent plus assez en forme pour coudre ne serait-ce qu’un bouton.
Sa mercerie est partagée entre chez moi et chez Maman, nous nous en servont amoureusement toutes les 2.
J’ai aussi reçu en héritage la travailleuse d’une vieille tante. Elle n’est plus très solide mais je vais la retaper, un jour où j’aurai le courage de la démonter. J’aime ces objets pleins d’histoire! et comme toi, je suis incapable de jeter un bout de ruban…
oh comme tu as raison. C’est beau cette fenêtre sur la vie d’autre fois, où la couture faisait partie du quotidien, pour se coudre une jolie robe pour un bal dansant, ou simplement un chemisier…c’est toute une histoire, dans cette simple boîte.
Magnifique comme à chaque fois.
Ton article fait tellement écho en moi.
Merci
Ce billet est très touchant, très émouvant. Avez-vous lu « le coeur cousu » de Carole Martinez.? Je vous le recommande chaleureusement. Cenina .
Rien de bien malin à ajouter. Je suis une fois encore scotchée devant un très beau texte qui, je crois, traduit une grande sensibilité. Bravo.
c’est vraiment un joli trésor …