Parfois j’ai envie d’ailleurs.
Comme ce jour d’il y a douze ans où j’ai dis « je pars au bénin pour travailler ».
Quand le quotidien pèse un peu, je repense à ma vieille vie.
Je voudrais prendre tout le monde et découvrir un pays, son odeur, sa lumière.
Il y a douze ans je suis arrivée à Cotonou de nuit. J’ai découvert l’odeur du tarmac mêlant la chaleur au kérosène, une ville qui s’étend bien au delà des routes pavées, les ponts, les gens dehors, les lumières des échopes.
Ma nouvelle maison, immense avec son portillon vert et les bougainvilliers sur le mur. L’appel de la mosquée à cinq heures, le sable de ma rue.
Je me suis fondue dans cette ville, j’ai appris à la connaitre, j’ai ouvert mes yeux.
Je me souviens des fourmis dans le sucre, des longues plages, je me souviens d’avoir cherché des baobabs.
Je me souviens d’avoir voulu danser parmi ce groupe et d’avoir eu un peu honte dans mon corps d’occidentale. Je me souviens des mangues sucrées, je me souviens du jus qui coule sur mes mains quand je croque à pleine dent. Je me souviens du grand marché, du petit, de la librairie, du marchand de vache kiri. Je me souviens du gout du pain.
Je me souviens du rire des gens, de la gentillesse de mes voisins, de la curiosité des uns, de la douceur des autres, je me souviens de cette langue vernaculaire que j’ai appris à comprendre, mais que je n’ai jamais pu parler.
Je me souviens de mes collègues à la chaîne de télévision qui se moquaient un peu en me voyant courir partout. Ils savaient eux, que la chaleur aurait raison de mon zèle. Je me souviens de tous les enfants que j’ai rencontré dans ces écoles. Je me souviens de cette émission avec eux, de moi à la télé parfois.
Je me souviens des crises de palu, des perfusions, des longues siestes..
je me souviens de ce jour où l’Armattan a fini par arriver, emportant avec lui 10 bons degrés. Je me souviens du fou rire en voyant mes amis emmitouflés dans des bonnets et des écharpes, alors que moi enfin je trouvais la chaleur agréable.
Je me souviens avoir eu le mal de la France aussi, de ce Noël à accrocher des guirlandes aux palmiers de ma cour.
Je me souviens de mon linge qui sèche et de la piscine du bel hôtel le dimanche.
Je me souviens du battement de mon coeur qui s’est emballé.
Je me souviens du battement de mon coeur qui s’est emballé.
Je me souviens de chaque détail de la ville, des plages, de ma maison.
Et parfois quand j’ai des envies d’ailleurs, c’est là bas que je me projette.
L’Afrique dans la peau, c’est rien de le dire…
***C’est le commentaire numéro 2 qui remporte le coeur enlainé Charlie and June, bravo Sab!***
34 commentaires
Tu me donnes envie de partir, là, maintenant, tout de suite, ailleurs.
<3
C’est bien joli quand tu te souviens…
Je confirme que tu es une véritable MILR (Mother I’d Like to Read). Bravo, Camille, j’ai voyagé assise sur ma chaise de bureau devant mon écran d’ordi et ma monstrueuse pile de dossiers.
Lillirouge
j’aime bcp cette nouvelle appellation et je la partage aussi!
jolis souvenirs!
moi qui ai envie de demenager en ce moment (pas si loin hein!), ben ça me donne encore plus envie!
moi aussi je partage cette appellation, Camille sait divinement bien écrire.
Tes mots sont des chansons merci pour ce beau partage.
Et je suis super contente d’avoir gagné au petit jeu.
@lillirouge: ce compliment je le garde tout près de mon coeur! merci!
@missthelma, la bougeotte ya que ça de vrai hein!
@sab: merci ma belle sab! et moi aussi je suis contente pour toi!
Très beau billet. Tu m’as fait voyagé. L’espace de quelques minutes, j’ai quitté mon bureau maussade 🙂
Rien que pour ça, merci !
Pfff. Tu as déjà fait tellement de chose, et tu es pourtant si jeune 🙂
Je t’envie 😉
J’ai une copine qui a passé 6 mois ou 1 an au Bénin à la même époque.
elle s’appelle comment ???? ça se toruve on se connait!
Le genre de voyage qui te marque, forcément… Merci d’en parler si bien et de le partager ici (et les photos sont géniales, avec les dossiers en working girl et au marché quand les gens se retournent sur toi)
Ton texte est très beau, c’est une belle expérience que tu as vécu là 🙂
Moi aussi …
Je me souviens de l’angoisse car c’était mon premier voyage en avion et que j’ai dû broyer la main de ton père…
Je me souviens d’ avoir voulu tout sentir, tout voir, tout goûter.
Je me souviens de ce marchand ambulant qui nous nourrissait près de tes studios et qui faisait des bananes plantain inoubliables…
Je me souviens de la valise réfrigérée que nous ton père avait fabriquée avec 35 yaourts et ton interdiction formelle de les approcher dans le frigo…
Je me souviens de nos fous rires lorsque nous avons attendu 2 heures dans un cyber café (qui en avait que le nom!) pour écrire un pauvre mail et se rendre compte qu’il n’y avait plus de réseau…ou lorsque nous avons supplié un agent de police de ne pas nous mettre d’amende car nous avions brûlé un feu rouge…
Je me souviens de ces gens perdus au milieu du lac Ahémé…
Je me souviens de la porte du non-retour …
Je me sens sourire parfois lorsque j’ouvre mon robinet et que l’eau coule… car là-bas c’était uniquement entre 2h et 3h….du matin!
Je me souviens de nos larmes lorsqu’il a fallu embarquer…
C’est sûr un jour nous y retournerons
et quand on a ensablé la voiture ne pleine nuit, et quand ma mère a failli mourir de trouille sur le lac! et puis je le sais hein que tu m’a piqué un kiri!!!
Attends je manquais de calcium…graaave.
Bisous ma poulette
WAHOU j’adore en savoir un peu plus sur toi…moi aussi je me souviens de ma vie d’avant quand j’ai le coeur gros comme ce soir…pourtant ….
Merci pour ce petit conte du soir.
Euh par contre je ne veux pas dire, mais le monsieur à droite il est en train de te reluquer vener
je jure que je ne lui piquais pas une mangue!!!
Tu offres du rêve en écrivant des petites choses comme cela.
En tout cas devant mon ordinateur en plein travail, ça donne envie de voyager, et de décoller de cette chaise de bureau..
Je viens de lire ton article qui m’a presque émue aux larmes. Il est écrit avec une telle justesse que ça m’a beaucoup touchée. La puissance d’évocation de tes lignes est vraiment très belle. Je ne connais pas l’Afrique, je n’ai jamais tenté une expérience de vie comme celle que tu décris, mais j’ai eu un peu l’impression d’en ressentir la magie en te lisant. Merci.
Oh, quel joli article, j’aurais aimé pouvoir écrire quelque chose d’aussi joli sur un des lieux ou j’ai vécu, mais je n’ai rien d’aussi exotique à raconter…
Merci en tout cas de nous offrir tes souvenirs, ça m’a fait voyager (et donner chaud et envie de manger des mangues) pendant quelques instants ^^
J’ai vécu 13 ans en Afrique, j’y ai grandi, principalement en Afrique de l’Ouest, tes mots me parlent… Je suis allée au Bénin en 2006 chez une amie qui y vivait, j’ai repris un shoot d’Afrique lors de ce voyage: les odeurs, la chaleur, les paysages… Se balader sur un zem, allez en brousse, aller au marché, se rè-habituer aux rues sableuses, allez à la plage. Ca y est, j’y suis, merci !
Magnifique ce post
Merci de l’avoir partagé avec nous 🙂
http://Fashioneiric.blogspot.com
Coline ♡
la jolie toubab *
toubab! j’avais oublié ce mot!! au bénin on dit yovo!
comme ton témoignage est touchant…
C’est superbe…tu me renvoies en Afrique ! Quel continent incroyable, j’ai tellement hâte d’y retourner ! Mais pour y vivre, comme toi !
l afrique et la famille bonneau plusieurs vies un destin mème comme je te comprends ce continent m a toujours pris ou bien donné ceux que j aime le plus au monde moi aussi quand le quotidien est lourd j ai besoin en pensée d aller me lover dans son ventre chaud mais qui m a toujours bousculée aussi continent qui m a pris mon mari ma fille et qui me les a rendus grandis terre que je devine dans les yeux et le coeur du petit fils que tu m as donné tu auras reconnu l auteur de ce commentaire pas de ponctuation pas de majuscules c est bien sur maman
C’est drôle que tu parles du Bénin parce que j’hésite à y aller l’an prochain pour y faire un stage…
De bien jolies lignes sur un pays que je n’ai jamais visité et qui pourtant occupe 1/4 de mes veines. Merci pour la visite. ^^
TRès joli billet, très poétique 🙂 bravo et bonne soirée 🙂
Lire ton billet me rappelle un été entre Cotonou et Lomé. Je me souviens avoir aimé
Je connais ça, je pars regulierement avec une ONG et depuis 2 ans nous ne pouvons plus retourner en Mauritanie pour cause de risque de kidnapping. Mais je repense regulierement à elle, au rythme, aux gens, aux odeurs aussi…tout me manque mais un jour, j’y retournerai aussi!!!
J’y ai grandi comme expat. merci pour ce joli retour aux sources. ça m’a ramené aux eaux troubles de la lagune ivoirienne où nous nous baignons avec des chambres à air de pneus de camion, et aux rapides du Djoué au Congo… Je me souviens de la canne à sucre que l’on mâchais et que l’on crachais…comme les grands !!