janvier 13, 2014

NOS ERREURS DE PARENTS

Uncategorized
.

sacha

Hier soir alors que nous dinions, j’ai demandé au Cha de gouter du chou fleur cru. Ce n’est pas son fort à mon garçon. Depuis petit, il ne varie pas beaucoup son alimentation. Peu a peu il a réussi à intégrer de nouvelles saveurs, mais nous les comptons encore sur les doigts de nos mains.

Le problème avec la nourriture est souvent récurent chez les enfants et je suis la première à conseiller à mes amies de ne pas se braquer. Je ne l’ai pas fait de mon côté, d’une part parce que je n’aime pas forcer mes enfants à manger, c’est ma manière de fonctionner et surtout parce que Sacha a toujours été un enfant solidement batti. Il n’y avait donc aucune raison de m’inquiéter de son manque d’appétit.

Et puis le temps passant, je trouvais qu’il se privait de beaucoup de choses pendant les repas, simplement par refus de gouter. l’année dernière, Rod a réussi a lui faire essayer la salade de chou du japonais. La révélation! Depuis je tente certains trucs, doucement, sans forcer, parfois ça fonctionne, parfois c’est peine perdue.

Ces derniers temps cependant j’ai remarqué que la simple idée de gouter un peu de beurre ou d’omelette le mettait dans un état de tristesse absolue.

Et d’un coup j’ai compris.

J’ai compris que ce n’était pas l’idée de ne pas aimer l’aliment qui lui faisait de la peine mais plutôt le fait qu’il n’arrivait pas à passer le cap de piquer sa fourchette dedans et de le mettre à la bouche.

J’ai alors longuement parlé avec lui. Les larmes sont sorties, il a réussi à mettre des mots sur ce blocage. Je lui ai demandé de me parler de cette angoisse, de me dire où elle lui faisait mal physiquement (c’est une des clés que Madame Y. m’avait donnée à la toute fin de ses séances).

Je voulais l’aider à comprendre d’où venait cette peur d’oser, ce manque de gout pour la bonne chaire. En parlant, en se serrant très fort nous avons trouvé. Tous les deux.

Cette raison là nous appartient et finalement elle importe peu. Simplement elle se situe dans des moment de sa vie de tout petit enfant.

Son père et moi en sommes sans doute un peu responsables. Responsables tout court.

Alors je me suis excusée. Je lui ai dit que jamais nous n’avions voulu mal faire. Qu’à ces moments là nous avions fait ce que nous avions pu. Je lui ai promis de l’aider à passer le cap, je lui ai raconté qu’il y avait tellement de temps encore devant lui pour gouter à mille choses, pour tester, pour aimer ou désaimer… pour aimer à nouveau. Et je lui ai dit que surtout ce n’était pas grave de ne pas aimer une grande variété d’aliments, mais qu’il devait se laisser le droit de découvrir les plaisirs d’un bon repas.

Il s’est endormi paisiblement.

Mais moi?

Depuis neuf ans j’aurais pu y penser plus tôt. J’aurais du faire des liens, j’aurais pu mieux faire. J’aurai du éviter d’être exaspérée, j’aurai pu m’y prendre autrement.

J’aurais pu.

À  quoi bon se lamenter? Je ne suis qu’une maman qui apprend. Qui se trompe. Qui ne voit pas tout du premier coup.

Depuis hier soir je suis pleine d’espoir, heureuse d’avoir posé le doigt sur ça une bonne fois. Et pardessus tout tellement contente qu’il ait pu trouver les mots pour chasser cette angoisse.

J’ai écrit ces quelques lignes en accord avec lui, parce que cet endroit est le reflet de nos vies, joyeuses ou moins joyeuses. Juste des vies. Et puis lui et moi avons le fol espoir de venir dans quelques temps les relire en mangeant un bon gratin de courgettes… ou de chou fleur… ou une raclette?

Je vous embrasse bien fort.

Et un baiser spécial pour ma Grande Amie .

Article précédent Article suivant

Lire encore...

33 commentaires

  1. Répondre l'atelier de riviole janvier 13, 2014 à 9:46

    ton post me bouleverse et me rassure en même temps et oui c’est dur d’être parent, une des premières choses que j’essaie d’apprendre c’est de moins culpabiliser pour mieux avancer…
    Vous avez fait un grand pas en avant tous les 2!

    • Répondre ritalechat janvier 13, 2014 à 11:55

      j’ai arrêté la culpabilité, non sans efforts. je suis responsable, mais pas coupable…et je fais tout pour réparer si je me suis trompée:-) merci pour ton message!

  2. Répondre Cilou janvier 13, 2014 à 9:51

    Je suis toute émue à te lire.

    • Répondre ritalechat janvier 13, 2014 à 11:55

      je t’embrasse ma belle!

  3. Répondre Eliabar janvier 13, 2014 à 10:04

    Bravo. Bravo pour l’oreille attentive et les mots qui font du bien.
    Non, c’est pas facile de tout bien faire, mais c’est encore plus difficile de se poser et de réfléchir ensemble à comment réparer. Alors oui, bravo à vous deux pour ça.

    • Répondre ritalechat janvier 13, 2014 à 11:56

      <3 TMTS

  4. Répondre yeahyeahgirl janvier 13, 2014 à 10:07

    est-ce que ça a rapport avec des évènements quand il était tout bébé ? parce que si ça se trouve moi aussi je passe à côté de quelque chose avec ma Nina qui ne mange que 10 aliments différents … enfant j’aimais tout j’étais une goinfre même, ma mère devait cuisiner en cachette. et un jour je n’ai plus aimé mon plat préféré et au fil des ans j’ai aimé de moins en moins de choses. je me méfie toujours des nouveaux aliments et une fois sur dix seulement je goute … pourquoi ? je ne sais pas …

    • Répondre ritalechat janvier 13, 2014 à 11:56

      je te fais un mail ma yeahyeah d’acc? plein de bisous

  5. Répondre Toupie janvier 13, 2014 à 10:28

    C’est une belle victoire d’avoir pu identifier le problème ! Et c’est encore une plus belle victoire de savoir se remettre en question en tant que maman, de ne pas être pétrie de certitudes et de savoir composer pour mieux avancer. Chapeau à vous deux !

    • Répondre ritalechat janvier 13, 2014 à 11:58

      tu ais je crois que c’est sacha qui m’a donné les clefs pour l’aider sur ce coup. il m’a juste suffit de le regarder ce soir là pour comprendre… pourquoi je n’avais pas saisi plus tôt… ça je me le demande!!!

  6. Répondre dod janvier 14, 2014 à 8:34

    Oui, comme Yeahyeah, je pense que tu en as dit trop ou pas assez. Du coup, toutes les mamans avec des petits enfants ont peur de faire une erreur que tu as pu faire alors que je te pense très subtile et délicate… Joli post

    • Répondre ritalechat janvier 14, 2014 à 8:54

      coucou! je pense que l’on fait tous des erreurs avec nos enfants, sans penser à mal (enfin j’ose l’espérer). Mes erreurs sont universelles sans l’être tout à fait mais je ne pense pas que les solutions soient transposables à d’autres familles, en tout cas pas entièrement, c’est pour cela que je n’ai pas trouvé utile d’en parler plus ici. (et aussi parce que sacha n’y tenait pas particulièrement). Je préfère partager l’idée que nous faisons des erreurs soit, mais qu’il est possible de les réparer autour du dialogue. Et qu’il n’est jamais tard pour ça. je t’embrasse.

      • Répondre dod janvier 14, 2014 à 11:26

        Merci pour ta réponse, je ne voulais en aucun cas sembler curieuse ou intrusive par mon commentaire. Mais comme tu dis, on fait tous des erreurs et je commence à douter, parfois. C’était assez simple, jusque maintenant, un petit bébé à cajoler… Merci, belle journée à toi, également.

  7. Répondre sweetmillie janvier 14, 2014 à 9:16

    très joli post, sensible et délicat. Pour éclairer la lanterne de 2ou 3 mamans, quand j’étais petite, je ne voulais manger aucun légumes. Ma mère en mangeait énormément et était toujours en train de « faire attention » quand ce n’était pas un régime. Mon père lui, n’en mangeait pas vraiment et était mince comme un haricot vert. Toute mon enfance, on m’a dit que j’avais la morphologie de ma mère (ce qui n’est pas vrai en plus, mais passons…). J’ai donc choisi d’adopter le comportement alimentaire de mon père et donc de zapper TOUT légume de mon alimentation. Par ce geste (inconscient), je montrais à tout le monde que je n’étais pas ma mère et qu’en plus je ne grossirai pas.

  8. Répondre thiebault Alice janvier 14, 2014 à 9:18

    Bonjour,

    Je suis vos péripéties avec intérêts et vous piques quelques idées de temps en temps pour les enfants ou déco.
    Ce courrier n’est pas tout à fait un commentaire mais plutôt une demande d’aide:
    j’ai une petite fille de 2 ans et 8 mois, qui jusqu’à ses 16 mois mangeais difficilement avec ses parents et très bien et de tout à la crèche. Depuis elle à tout arrêté et ne prend que des biberons de lait et 2-3 bricoles. J’essaye désespérément de ne pas paniquer, mais on a toujours pas réussi à la « débloquer ».

  9. Répondre Wafa janvier 14, 2014 à 9:50

    Tu es une chouette maman pas parce que tu es parfaite mais parce que tu sais regarder et écouter.

  10. Répondre Cristina janvier 14, 2014 à 10:38

    ll est beau et il me parle ton texte. Depuis quelques semaines, mon grand s’est mis à refuser assez systématiquement de manger le soir. j’ai tout de suite pensé qu’il le faisait pour m’embêter comme c’est moi qui cuisine, donc j’ai essayé de ne pas en faire tout un plat. Quand on passe une bonne journée, il mange, sinon ça recommence. Je vois bien qu’il y a autre chose qui se joue là à travers l’alimentation et ce n’est pas évident de trouver quoi exactement. Parfois les enfants n’ont pas les mots, il faut trouver la bonne question pour qu’ils vous donnent la bonne réponse. D’autres fois, comme ils voient que vous n’y arrivez pas, il vous donnent eux des indices. Comme toi, j’ai arrêté de culpabiliser tout le temps en me disant que j’ai forcement fait mal quelque part, j’essaie d’être à l’écoute. C’est un long chemin et on le bâtit ensemble…En tout cas, merci pour tes mots qui font du bien. belle journée à toutes.

  11. Répondre Lnounett janvier 14, 2014 à 10:38

    Bravo pour ce beau post j’espère que j’arrive et que j’arriverai à parler profondément avec mes enfants comme tu le fais. Aujourd’hui ils sont petits mais demain j’espère que notre relation sera basé sur l’écoute, la parole et la confiance comme vous. Bisous et bon courage à tous les 2.

  12. Répondre miss thelma janvier 14, 2014 à 11:04

    mais quoi??? il n’aime pas la raclette?? il a du être sacrement traumatisé ce petit 😉
    non je rigole hein!!

    comme quelqu’un a dit plus haut, tu es « forte » parce que tu es a l’écoute de tes petits, que tu cherches avec eux des solutions et que tu sais te remettre en question (et ça c’est pas donné a tout le monde!)
    et dieu sait si l’alimentation est vraiment un sujet délicat pour des parents…
    je vous souhaite d’avancer dans votre voie et que le Cha retrouve son appetit (à table et pour le reste…)

  13. Répondre Floriane janvier 14, 2014 à 11:13

    Mon Lutin de 4 ans est un mangeur difficile… J’ai aussi pris le parti de systématiquement tout lui proposer mais de ne jamais imposer. C’est difficile de le voir se priver de tant de plaisirs mais petit à petit, il y arrive.
    Par exemple, c’est vert, c’est beurk, donc pour les légumes, c’est limité… On se rabat sur les carottes et tomates.
    J’espère un jour pouvoir débloquer le geste de gouter comme toi…
    Merci pour ta transparence.

  14. Répondre LaBaronneC janvier 14, 2014 à 11:24

    joli billet, rien à ajouter 🙂

  15. Répondre Aurore janvier 14, 2014 à 12:17

    Eh bien tu dois être soulagée d’avoir mis le doigt sur son blocage et de pouvoir en parler avec lui, je trouve ça très intéressant que ton fils (à son âge) dire ce qu’il a ressenti du coup ça t’aide.

    Je suis dans une phase un peu compliqué, mon grand de 5 ans a un souci de confiance en lui et pourtant j’ai le sentiment de faire du mieux mais je crois que non en fait, je discute avec lui et il me parle de beaucoup de choses je tente de faire le lien et je crois avoir trouvé la faille mais je ne suis pas encore certaine, je culpabilise aussi mais je crois en l’avenir, il va finir par reprendre confiance en lui.

    Ton post me touche beaucoup, tu trouves toujours les mots et la photo est magnifique, je me répète mais tes enfants ont de la chance de t’avoir.

    Des bises drômoises

  16. Répondre the blue school janvier 14, 2014 à 12:41

    Je suis très émue par ton post, qui me renvoie forcement à mes erreurs de Maman… Encore beaucoup de culpabilité face à mon manque de calme parfois devant les situations récurrentes, mais je progresse! Merci pour ce beau message d’espoir, je suis heureuse que tu puisse avancer avec Sacha!

  17. Répondre sab LF janvier 14, 2014 à 1:55

    il ne faut en retenir que le meilleur ma Camille. Tu as été une mère extraordinaire capable de prendre le temps de le comprendre et ça c’est bien l’essentiel, non? Vous n’avez plus qu’à aller de l’avant!! Je vuos embrasse bien fort

  18. Répondre Covima janvier 14, 2014 à 2:05

    Très beau et prenant billet ! Je ne pensais pas qu’un « blocage » alimentaire pouvait générer tant de souffrance… J’ai été surprise de l’utilisation des termes « de me dire où elle lui faisait mal physiquement » car c’est quelque chose que j’ignorais pour débloquer une situation. Enfin c’est aussi parce qu’il s’agit de ton fils et que tu sais quoi dire pour faire sortir ce qui ne va pas, sans doute.
    On fait toutes des erreurs avec nos enfants, même encore quand (dans mon cas), ils ont dix, douze ans et qu’ils entrent en adolescence. Avec eux on apprend tous les jours ou presque. Malheureusement parfois ils en font les frais (je parle pour moi).
    Reconnaître qu’on s’est trompé est assez facile ; mais ne plus culpabiliser à la moindre erreur, l’est beaucoup moins, cela m’a pris des années, et la culpabilité n’est jamais bien loin !
    Merci pour ce message optimiste en tout cas !

  19. Répondre Aurélie janvier 14, 2014 à 5:46

    Merci pour ce billet.
    Je retiens que quelles que soient les raisons de son blocage, toi tu n’as pas lâché le morceau et continué de lui proposer de goûter jusqu’à toucher le point sensible, par hasard, par chance, parce que c’était le moment…
    C’est peut-être ça la clef, ne pas cesser d’essayer!

  20. Répondre Clem janvier 14, 2014 à 6:52

    Je tombe sur votre blog ce soir par hasard, via la page facebook Blogokids. Je lis ce premier billet, je suis émue, et je ne peux m’empêcher de mettre l’histoire de mon garçon de 2 ans 1/2 en parallèle. En effet, il a eu un blocage sur la nourriture il y a 1 an et demi. … nous en connaissons l’origine… En effet, certaine blessure psychologique s’exprime de cette manière chez les enfants…. Nous avons appris à ne rien cacher à nos enfants… ils ressentent tout! Et ce qu’on pense être une erreur dans leur éducation n’en est pas… on ressort plus fort et plus soudé de ces tristes expériences… Je vous souhaite en tout cas beaucoup de bonheur à venir !

  21. Répondre Amandine janvier 14, 2014 à 9:28

    Bonsoir,

    Merci pour ce texte qui me permet de m’interroger non pas sur mes enfants mais sur moi. La phrase où tu dis qu’il n’arrive pas à piquer la nourriture avec sa fourchette pour la goûter, ça me parle vraiment. Du haut de mes 32 ans, je suis toujours incapable de goûter quoi que ce soit. Et je ne sais vraiment pas pourquoi. Bravo à ton fils et à toi d’avoir réussi à avancer un peu en identifiant l’origine du blocage.

    Bonne soirée.

  22. Répondre Chuuut_je_rêve janvier 15, 2014 à 6:27

    Post très émouvant et bravo pour l’écoute que tu as su/pu donner à ton fils. L’écoute des pleurs est libérateur et nécessaire pour les enfants et les bébés. D’ailleurs l’endormissement montre à quel point ça soulage. Tu es une chouette maman. <3

  23. Répondre Sophie janvier 15, 2014 à 11:02

    on devrait toutes se poser 5 minutes et observer nos enfants pour comprendre mieux leurs « petits  » tracas . je te trouve d’une force exemplaire, remplie de sagesse . je suis admirative de ça , car avec humilité et brio ( avec qui …?! ); tu te remets en question pour le bien être de tes enfants et tout ça vous fait avancer, progresser . bisous ma Camille et encore merci pour ce billet qui me donne à réfléchir pour moi aussi , je l’espère, pouvoir avancer et progresser

  24. Répondre Emiliesanschichi janvier 16, 2014 à 8:10

    Oh mais Camille Arthur est comme Sacha tu crois qu’il y a quelque chose la dessous? Je me pose beaucoup de question avec Arthur ces derniers temps c’est vraiment pas facile

  25. Répondre Sophie janvier 18, 2014 à 9:36

    Bonjour, merci pour ce post (et tant d’autres, j’en profite…!). Nous traversons des moments difficiles avec notre fils de 7 ans, nous tâtonnons pour trouver des solutions, nous tentons, nous commençons à voir le bout du tunnel (ce n’est pas non plus quelque chose de dramatique mais, lorsqu’on est dans le coeur des problèmes les montagnes semblent énormes à escalader!) et nous devons tout recommencer, bref, on galère. Alors ça fait du bien de lire que d’autres trouvent des solutions par la paix, le calme et le dialogue et non par la violence et les cris!

  26. Répondre morgane frimane janvier 20, 2014 à 10:42

    que dire… tu sais une grande partie des enfants sont comme ça, donc il est normal que tu ne lui ai pas parlé comme ce jour là avant non ?
    Je suis super stressée qu’Armand ne mange rien, comme son frère, et justement je pense qu’il le sens déjà et qu’il commence à me mettre la pression volontairement. Il faudra qu’on parle, que tu m’aides peut être.
    J’essaye de ne pas me trahir dans mon attitude, mais il me sait.

Laisser un commentaire