C’était un vendredi à la fin de février, je ne sais pas pourquoi je suis venue si tard, d’habitude je viens en début d’après-midi. Il faisait nuit, il n’y avait presque personne au centre de rééducation. Je venais de faire plus d’une heure trente de renforcement, d’étirements. Vélo, élastiques, cuisses, fessiers, tout y était passé. J’étais rouge, transpirante et j’avais un peu mal à l’autre genou. Ça faisait plusieurs jours que celui-là me tirait aussi et j’en ai parlé à Alain. Il a pris le temps de bien regarder, de tirer dans tous les sens et il a décrété que j’avais les articulations très laxes, qu’il y avait qu’à voir comment je mettais mes jambes pardessus tout le bordel… la douleur à l’autre genou ne l’inquiétait pas vraiment mais il a quand même voulu me voir marcher sur un tapis. Je boite. Et je ne devrais pas boiter. Alain me gronde quand je boite.
On est allé dans une autre salle, j’ai commencé à marcher doucement…
Le talon et tu déroules, le talon et tu déroules. Faire attention à chaque mouvement, réapprendre à bien marcher. Marcher droit, pas tordu. Encore allez, marche… marche.
– Tu as couru un peu depuis l’accident?
– Courir? Hein mais non, bien sur que non, j’ai trop la trouille.
-Tu veux essayer là? On a le temps, je reste là, je suis juste derrière toi.
Il a commencé doucement à accélérer la vitesse du tapis. Je me suis familiarisé avec la cadence. Rien de plus que de la marche rapide. Ça va, je peux le faire…
-Tu peux le faire, je suis là. Je monte un peu ok? Essaie de sortir du tapis d’abord, tu sautes doucement en soutenant par les bras et tu places tes deux pieds là et là. Vas-y essaie.
Sauter à pied écartés en me soutenant par les mains…. Je peux le faire. Voilà. Je l’ai fait. Si je sens que je panique j’ai une porte de sortie maintenant.
Je marche très vite, il augmente encore, je trottine. C’est fou ces sensations, toute mon attention est concentrée en un seul point. Mon genou droit, ses ligaments, ses os, rotule, ménisque, croisés. Je vous donne tout les gars, me lâchez pas. Alain reste là, lui qui est toujours partout à la fois, reste les yeux rivés sur mes pieds.
7km/h maintenant, je cours pour de vrai. Je n’en reviens pas. J’ai peur, mais je cours. Je cours et je n’ai pas mal.
-On arrête quand tu veux.
Je cours encore un peu. Je l’ai fait, et dans un grand sourire au bout de quelques minutes je lui dis que ça va pour cette fois.
Je suis cuite.
Je crève de chaud.
Je suis émue.
J’ai couru.
Depuis ce jour là j’ai le droit de courir sur du plat, sans faire de virages brusques et en ne dépassant pas 6 ou 7 km/h. En fait je ddois bouger, tout le temps, presque tous les jours. Si le vélo ne m’effraie pas, je repousse cette nouvelle liberté… Je n’aime pas courir d’habitude mais depuis quelques jours je me suis dit que courir pour guérir devait être dans mes cordes.
Alors voilà je l’écris là, nous sommes mercredi midi et j’ai prévu une toute petite sortie pour tout à l’heure, juste mes baskets et moi pour quelques minutes. Et on verra ce que ça donnera…
Je ne sais pas si j’irai. Et si je tombais? (tu te relèveras) Et si mon genou se dérobe? (envoie lui de la force, il ne bougera pas.) Et si j’ai mal? (tu marcheras) je ne vais pas y aller je le sais… (oh si tu iras ma poule) J’ai la trouille, je n’ai pas couru ne serait-ce que dix mètres depuis des mois (faut bien recommencer un jour).
On va faire un truc. Si ce soir en venant relire j’écris là juste en dessous le mot « bisous » c’est que je l’ai fait… Si je finis là c’est que je n’y suis pas (encore) arrivée. Allez…
bisous 🙂

32 commentaires
Bravo 😉😍
Oh la la… j’espère en être là bien vite… Rupture de mes croisés au ski début mars, et je boîte et j’ai peur. Les progrès sont là mais je me sens encore bien friable…
J’ai frissonné.
Et ma cheville en éternelle convalescence me dit que si, ça va aller. Si, on va pouvoir galoper.
Pas loin, pas vite, mais on va galoper.
Bravo pour votre performance physique et votre plume. J’adore vous lire, vous êtes légère mais en même temps votre sincérité m’evoque toujours en moi une forte résonance ! N’arrête pas de courir mais surtout d’écrire!
Bravo !!👏
T es trop forte!
You did it!! Bravo!
Dommage qu’on n’habite pas plus près on aurai pu courir ensemble ! 😘
Bravo !
Bravo!!!!!!
Un seul mot, Bravo!
Bravo à toi pour ce pas en avant !!
Bravo !!!
Bisous 😘
Bravo!
😉 bravo…
Non mais tu m’intéresses bébé! 😉 Alors on y retourne quand toutes les deux??!?🤗
Bravo à vous
Bravo ma poule !!! You did it !
J’y pense souvent à ton genou tu sais ? Et je lui envoie de la force ! Bisous doux.
Bravo ! Tu es une championne, qui n’a peur de rien !!!! Des bisous. plein !
Félicitations …
Rééducation du périnée en cours pour moi et c’est vrai qu’à chaque fois que je cours avec mon aîné j’ai un peu peur de ne pas faire comme il faut, je me concentre sur mon ressenti …
Courage à toi le chemin est long mais il avance de façon positive !
Bravo Camille ❤️❤️❤️
Bisous… 😘
Yeah bravo!
Oh urbain j’ai croisé les doigts pour lire ses six lettres : bisous moi je vous en envoie 5 : bravo
C’est pas urbain mais putain que j’ai voulu écrire mon correcteur n’aime pas la vulgarité quel con !
Génial ! Merci pour tes mots <3
Sandrine
Yeah !!!!! Bravo bravo bravo !!
BRAVO!!!!
Yes ! You did it ! Bravoooo👍👏👏👏👏
Oh le suspens!
Sacré pas (de course) de fait!
Bravo!!!
(Cela fait beaucoup de points d’exclamation mais il faut au moins ça)
Bravo