Les odeurs comme des madeleines

C’est une eau de Cologne que je reconnais entre mille, celle que je portais lors de mes deux grossesses.

C’est ce parfum que je ne quitte plus depuis plus de douze ans, celui qui donne à ma peau cette odeur chaude et ambrée. Chaque jour, le même souvenir qui survient. Mon retour du Bénin, le froid, un gros pull ivoire, le réconfort d’être de retour chez moi.

C’est cette multitude d’odeurs qui accompagne ma vie, qui souligne un instant, qui me fait rêvasser en esquissant un sourire.

Tout me revient, tout rejaillit. Les images se bousculent, apparaissent et se superposent. Juste un petit film en vingt quatre images seconde, fugace réminiscence d’un instant oublié ou enfoui.

Toujours un souvenir heureux. Enveloppant ou drôle.

C’est cette soupe qui mijote qui me rappelle mon enfance, les tomettes fendues, les poutres cirées et ma mère qui entoure un torchon autour d’ une brique chaude pour la mettre dans mon lit.

C’est ce savon avec lequel j’ai lavé mes deux bébés. Celui que j’achèterai encore dans dix ans juste pour me souvenir de l’odeur de leurs cous juste après le bain.

C’est ce mouchoir que j’ai de ma grand mère, qui garde encore ses sourires, ses rides, son « C’est toi ma petite Millette ? »  au téléphone le dimanche.

C’est cette odeur de tarmac que je retrouve lorsque je voyage et qui me renvoie à Djibouti, à Cotonou, à Caracas ou à Bangkok. Qui me renvoie à la joie de découvrir un nouveau pays, à l’émerveillement d’une enfant de douze ans.

C’est cette crème merveilleuse offerte par Élisa le jour de mon départ de Paris. Celle qui depuis enchante mes matins.

Et d’un coup je suis en été, le soleil qui inonde les travaux, mes cheveux relevés, pleins de poussière. Cette crème sur ma peau ce sont les douches dehors, nue sous un filet d’eau tiède, c’est l’espoir fou de voir se dessiner notre maison. C’est mon luxe dans le chaos des murs qui tombent, la sève qui me relie à l’espoir de voir naître enfin notre rêve.

Les odeurs comme des sourires, comme des palmiers, des câlins, du plâtre et de l’amour. Des souvenirs chaque jour qui s’imposent à moi comme une caresse, sans crier gare et tellement réconfortants.

Les odeurs comme des madeleines. Si précieuses.

Je vous embrasse fort.

À vite.