4 ANS

Ce n’est pas toi si ? Ce n’est pas ce bébé minuscule et potelé que la sage femme a posé dans le creux de mon cou. Ce n’est pas possible que le temps ait filé de la sorte.

Presque chaque jour j’ai une pensée pour le jour de ta naissance. Je ne veux rien oublier, alors je me remémore chaque détail. Je cherche les sensations, la douceur dans les yeux de ton père. La douleur, elle, je l’ai oubliée. Elle a disparue à la minute où j’ai aperçu ta petite épaule toute rouge de sang et de chair.

L’espace que tu prenais, si minuscule et recroquevillé est encore là, dans les plis de mon cœur et de mon coude. Ta tête posée et tous ces cheveux bruns qui dansaient déjà. Je me souviens de tout.

Est-ce bien toi mon amourette ? Tu as mis si longtemps à sourire, comme suspendue quelque part, dans les méandres d’une autre vie ou encore aux tréfonds de mon ventre. Tu avais l’air si bien, délicate et un peu grave.

Il me semble que tu es là depuis si longtemps, et pourtant ce n’est qu’une poignée de mois. Tu as hérité de ce don qu’ont les petits êtres de démultiplier le temps pour donner cette impression de langueur et d’habitude. Tu es là depuis ma première cellule. Depuis des siècles et des années lumières.

C’est toi cet enfant ? Celle qui a marché si vite que je n’en croyais pas mes yeux. Celle qui riait et pleurait si fort. Je te caressais la joue pour t’endormir et je plaçais ton doudou à plat au dessus de ta tête.

Oh oui c’est toi mon amour. Je te reconnais à chaque seconde. Comment décrire cette sensation qui me brule le ventre et me fait palpiter le cœur. Cette façon que tu as de dire « maman » lorsque nous nous retrouvons, même après une heure de séparation.

C’est toi mon cœur. Mon tout petit printemps. Nous avons cherché un nom de fleur pour t’accompagner dans cette vie. Et Violette te va si bien. Délicate, précieuse, rare et mystérieuse.

C’est bien toi qui ce matin encore me disait en me reniflant le cou que je sentais bon la maman douce.

Tu es née il y a quatre ans alors que Paris nous offrait une de ses journées dont elle a le secret. Tu es née dans ce soleil de mars, inattendu et brulant. Tu es née ma chérie et je ne pouvais rêver d’une si douce rencontre.

C’est bien toi, oui c’est bien toi. Tu as tellement grandi, tu es encore si petite. Tu as fait grandir toute une famille tu sais?

Je te souhaite le plus joli des anniversaires mon petit chat des bois. De la terre jusqu’à la lune… Aller retour.

Maman Camille