LA VIEILLE PHOTO ⌘16 MA CABANE D’ENFANT

La vieille photo reste dans le thème du jardin aujourd’hui. Me voilà en 1984, j’avais six ans. Sur de nombreuses photos de mon enfance je grimace ainsi, toujours un peu génée par le soleil. À la fin de l’été j’avais toujours le coin des yeux un peu moins bronzé que le reste du visage.

Cette photo c’est moi enfant, c’est la petite fille dont je me souviens. Toujours au jardin, à moitié déguisée, avec des couettes.

Mon père m’avait fabriqué une cabane en parpaing et en bois. Du haut de mon enfance j’avais l’impression d’avoir un ranch. j’y restais des heures à faire la cuisine. Un jour j’ai découvert que la farine et l’eau formaient une pâte consistante, je me suis donc lancée dans la plus grande production de gâteaux aux graviers du monde.

Tous mes chats devaient y gouter. Il y en avait plein, partout. À cet âge j’étais une maniaque des naissances de chatons, je traquais les mamans chats, je cherchais les petits, et lorsque je les trouvais je les rapatriais dans ma cabane. J’étais une petite sauvageonne, je dessinais beaucoup, je découpais sans cesse. J’étais rieuse et espiègle.

Je me souviens excatement du moment où a été prise cette photo, c’était entre midi et deux, je devais retourner à l’école, j’avais déjà mon manteau sur les épaules pour y aller. Mais je voulais jouer encore cinq minutes maman, juste cinq minutes allez.

J’aime cette photo, j’aime regarder les détails. Les briques de guingois, les troncs tout juste coupés, cloués entre eux. Ma petite valise d’osier et l’ombre de ma mère. Que j’aimais ce collier que je lui avais chipé. Et cette robe pull bleu France, je l’ai portée longtemps.

J’aime cette petite grimace, la même que celle de Violette lorsque le soleil caresse son visage.

Que c’est doux d’essayer de retrouver les émotions que j’ai eues en jouant dans ma cabane de fortune, les mains dans la pate aux cailloux, et les colants qui ne cessaient de déscendre.

Je vous embrasse.

À Vite.