mai 4, 2020

Chronique familiale d’un pandémie. #16

Chronique pandémie
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Comme d’habitude si vous avez envie de lire le début, toutes les chroniques sont rangées ici.

Samedi 2 mai. 49ème jour de confinement.

Je pars faire une course. Je n’oublie rien, masque pour moi (plus un petit stock pour offrir au cas où) gel hydroalcoolique, sac à vrac … Mon autoradio se connecte automatiquement avec mon téléphone et la musique sort de façon aléatoire. Les première note de guitare raisonnent. Djobi Djoba.

Un sourire s’étale sur mon visage… Sans déconner, qu’est ce que les Gipsy Kings font dans mon téléphone? Je souris puis je ris carrément de l’incongruité de cette chanson que je n’ai pas entendue depuis…

Et puis les larmes montent, le nez pique. Je sens une grande émotion me submerger. J’avais dit que c’était ok pour les émotions alors je la laisse vivre sa petite vie émotionnelle dans l’habitacle de ma voiture. La vague n’est pas si haute et elle est mêlée de joie finalement.

Je pleure de me dire qu’il n’y aura pas de Féria cette année, pas de Pégoulade, par de jolies robes qui volent un jeudi de défilé. Je pleure les amis devant la Grande Bourse, les bières dans les gobelets recyclables, les groupes watsapp qui bipent toute la soirée et les allers retours sur les boulevards, Je retrouve le gout des tapas, l’odeur des épaules nues chauffées de soleil et mon coeur se souvient de ces moments merveilleux.

Pendant ce temps Chico chante toujours dans ma voiture et je retrouve le sourire. C’était bon ce moment, et finalement c’était très loin d’être triste.

Et si j’y pense intésemment je peux ressentir le picotement d’excitation, de joie et de hâte que je ressentirai le jour où nous serons jeudi et que nous nous retrouverons tous de nouveau pour la Pégoulade.

Je vous embrasse.

Ps: ici le genou rentre dans le rang, et nous allons tous bien.

Où est Coco?

Dimanche 3 mai. 50ème jour de confinement.

50ème jour et un peu plus pour nous. Peut-être deux jours de plus je ne sais plus.

Je me réveille dans des draps blancs. Ah oui c’est vrai, on ne va pas bouger aujourd’hui, on est confiné. Chaque matin ce bonheur de se lever sans trop de contraintes mêlé à un pincement lorsque le confinement se rappelle à nous.

Ah oui c’est vrai. On est confiné.

Coco joue dehors, chaque jour un peu plus et un peu plus loin. Elle miaule dès de son mini-miaou dès qu’elle veut sortir. Nous la laissons en la surveillant de près. Il faudra très vite la faire vacciner, petite mère… et à l’automne la faire stériliser.

J’ai eu assez peur qu’elle ne s’entende pas avec Harry, c’était très mal parti pour tout vous dire. Le printemps arrivant le gros chat a pris le large et nous le voyons peu… Mais il passe de longs moment à éduquer cette petite liane noire, il lui donne de sacrées baffes mais toujours avec sa patte de velours et elle se défend comme une panthère toutes griffes dehors.

Nous? Non… on ne passe pas du tout des heures à les regarder ça va…

J’ai passé un autre long moment ce matin à composer un poème à partir du titre de mes livres. J’ai adoré chercher un rythme, une musique de mots. je les laisse ici. Un modeste hommage aux femmes, à la vie et au sang. Voilà maintenant, la pile trône dans ma chambre et je n’ose la ranger!

Lundi 4 mai. 51ème jour de confinement.

Rodolphe multiplie les visios et les appels, il a reçu une dérogation de la prod pour pouvoir se rendre sur son nouveau lieu de tournage. La reprise du boulot est pour bientôt, je suis soulagée, lui aussi. Et puis je me suis vue là. Là, maintenant tout de suite avec mon ordi, mes cahiers, mes plannings, la cuisine, les enfants, l’école à la maison, les vacances, les citrons sur la table et le coeur vaillant.

Il est là mon univers. Et j’ose enfin dire à lettres hautes ce que je pense tout bas depuis le début du confinement. Mes choix de vie ont été bons. Pas toujours faciles, je paie encore pour quelques-uns mais en regardant ce et ceux qui m’entourent en cette seconde je me dis que ça va. Et que ça ira.

« Ce monsieur j’ai décidé de le faire particulièrement beau. » Elle s »affaire sur un coloriage géant Omy, elle est en face de moi. Elle se souvient de tout, de l’endroit où on l’a acheté (au musée Fabre à Montpellier), elle s’applique, elle chantonne et elle dit « oups pardon » parce qu’elle sait que je ne peux écrire que dans le silence.

Ce matin Sacha a dit ok pour trente minutes de sport avec Rodolphe et moi, Harry a léché la patte de Coco (j’attendais ce signe de petit amour entre eux). On est conscients que ce qui nous attend sera tendu, qu’on ira peut être pas faire de parapente tous les quatre tout de suite. Que sans doute, les travaux prévus à la maison seront repoussés le temps de se refaire, mais je le sentiment aussi qu’on a vécu ça le plus sereinement possible et que désormais à chaque tuile que l’on se prendra sur la tête on aura la ressource pour se dire: et les gars on se détend, on a vécu un effondrement vous vous souvenez? On sait se relever. On sait…

Violette a colorié en rose le tee shirt du vigile de la sécurité dans son dessin. En parlant de ça, le Ronsard est prêt à exploser, je ne me lasse pas de regarder s’ouvrir doucement chaque bouton.

Oh oui c’est sûr. Tout ira bien!

PS: Tout est ok chez nous. J’aime même ressorti les affaires d’été!

À très vite!

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6 commentaires

  1. Répondre Frédée mai 4, 2020 à 8:08

    Bonsoir Camille, je ne suis pas assidue à chaque publi mais qd j y vais je remonte le temps et je me rattrape. Dommage ce soir message d erreur pour la chronique 14.
    Je n ai pas là patience ou l’envie d écrire ma propre chronique de cette période hallucinante mais j aime lire les vôtres car ça marque le truc qu on vit un peu dingue dans le dur. Et mine de rien j arrive à des constats proches des vôtres. J’ai pris conscience récemment d’être une personne à risque et ça ne change presque rien puisque je prenais mille précautions enfin si ça change que je vais rester en télétravail un bon moment. Mais cette période qui nous a cueilli à18h45 sortie de l hiver et nous prive des jolies choses du printemps (acheter de nouvelles flingues pour l’été de nouvelles shoes plus ouvertes, les premières terrasses du soleil de printemps… Mais ça me conforte dans l’idée que finalement j ai de la chance. Je vis seule (Avec un chat alors en vrai vous savez 🙂 ) mais je me sens bien avec moi, dans mon home au 4eme sans ascenseur (Mon pigeonnier comme l appelle ma marraine) avec mon chat. Après 2 ou 3 semaines clairsemées de vagues d anxiété stoppées par méditation (moi qui n accroche pas du tt en temps normal..) Je me suis adaptées et je mesure ma chance d être dans une entreprise solide sur un métier solide (Je suis juriste) de savourer du temps de repos chez moi, de ne pas considérer que des vacances c est uniquement hors de chez soi et ailleurs. Bref presque 2 mois à respirer chez moi avec moi et les amis et la famille et les collègues mais à distance. Bref malgré cette crise sanitaire et celle économique qui va suivre j’ai de la chance car mon père disparu il y a 6 ans m’a appris à apprécier ce que j’ai et à regarder droit devant. Et on dit parfois qu’il y a des jours qui ne servent qu à passer au suivant, là j ai décidé de faire abstraction de 2020 qui ne sert presqu’à passer à 2021.
    Merci pour vos chroniques, vos stores, vos galeries, vos fous rires, merci pour tout ce que vous posez ici et sur insta en ce moment c est une jolie fenêtre dans ma vie.

  2. Répondre Odile mai 5, 2020 à 6:42

    Il me semble que nous sortirons encore plus fort après cette triste période. Belle journée à vous

  3. Répondre nathalie mai 5, 2020 à 9:56

    Merci Camille pour tes chroniques. Tu décris si bien les émotions qui nous étreigent, subitement, à l’écoute d’une chanson, à la vue du jardin éclairé par le soleil levant, à la pensée de proches que nous avons envie de serrer dans nos bras. Tes partages font du bien car ils nous font nous sentir moins seuls face à des émotions inconnues jusqu’ici. Tu crées des liens précieux entre nous. Je t’embrasse. Je vous embrasse.

  4. Répondre Maud mai 5, 2020 à 10:12

    `Quel bonheur de te lire, de voir tes photos aussi. Je suis sure que beaucoup de gens ressortiront grandis de ce confinement, changés aussi, enfin je l’espère du plus profond de mon coeur.

  5. Répondre punet mai 6, 2020 à 2:52

    nous devions nous rendre à Nîmes pour les grands jeux romains dans les arènes… ça sera pour cet automne…

  6. Répondre Magmag mai 8, 2020 à 1:40

    Merci pour ces mots que je viens lire régulièrement et avec un très grand plaisir. Moi aussi je tiens une chronique de ces journées, depuis le 16 mars, jour 1.J’écris à l’ancienne, à la main, sur des petits cahiers, j’ai dû fabriquer le 3ème, récemment entamé, et je n’utilise que la page de droite, sur celle de gauche, paroles de chansons, textes, blagues, dessins de presse, et de temps en temps, les chiffres, l’air du temps, de ce temps si particulier…

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