mai 1, 2020

Chronique familiale d’une pandémie. #15

Chronique pandémie
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Comme D’habitude si vous avez envie de lire le début, toutes les chroniques sont rangées ici.

Lundi 27 avril. 44ème jour de confinement.

Une nouvelle semaine, les cours à imprimer, la valse des réveils et des devoirs que l’on fait ici pour Violette le matin. C’est elle qui n’a pas envie de rouvrir ses cahiers à nouveau l’après-midi donc elle travaille pour tout terminer le matin. Sacha quant à lui s’installe dans le salon ou dans sa chambre. Il est autonome version faut quand même que je mette le nez dedans de temps en temps.

Je l’évoquais il y a quelques jours mais je suis heureuse de pouvoir saisir cette occasion assez unique de voir mes enfants travailler. Ce matin Violette devait dessiner un personnage ou animal fantastique et le décrire. Je m’étais penchée régulièrement sur ses productions d’écrits mais la voir le faire sous mes yeux est une grande première. Si je l’ai aidée un peu pour dessiner la forme de sa licorne, elle a écrit chaque mot de sa description. Je l’ai félicitée, j’ai trouvé son texte très évocateur et très bien construit.

Et elle comme si tout ça était très normal m’a lancé : Oh tu sais ça c’est toutes ces histoires que je me raconte, c’est l’imagination c’est tout !

Ahaha oui voilà c’est tout !

Je laisse son texte et son dessin ici :

Eclair.

Éclair était une licorne très rare à tête de cheval avec des ailes de paon. c’était une grande licorne avec des moyennes pattes.

Sa crinière, sa corne et sa queue étaient multicolores. Ses ailes et ses cils étaient en plumes de paon. Sa corne était très pointue.

Sa grande corne magique lançait des éclairs dès que la pluie tombait pour que le soleil revienne.

Ses merveilleux cils en plumes de paon faisaient fuir les prédateurs avec leur rafales de vent et les réduisaient en poussière.

Violette CE2

Sinon rien de nouveau, journée routine… Mes parents me manquent beaucoup. Mon resto préféré aussi ! Ah si ! j’ai commencé une pointe Honoré pour cet hiver en regardant la série Mars, je l’aime déjà tant il est doux. Toujours un modèle Chouette Kit!

PS : ici tout le monde va bien.

Mardi 28 Avril. 45ème jour de confinement.

Je passe la journée en Pyjo. Mais avec un soutien gorge quand même. Je ne sais pas pourquoi je mentionne ça, mais si le soir cela me soulage beaucoup de l’enlever, j’ai quand même du mal à m’en passer la journée. Bref!

J’ai dû me rendre à l’évidence ce matin, l’atelier croulait sous le linge à ranger/ repasser. Je m’y suis attelée et reprendre ce que j’avais mis en pause, m’a soulagée. Je repasse vite et bien, c’est du coup assez gratifiant de voir les piles au carré se former. Allez hop une panière pour chacun à la montée des escaliers et c’était fait. 

Je crois que c’est la première fois que je regarde une intervention politique dans l’hémicycle. C’était passionnant de voir à quel point le ton change selon qu’un politique s’adresse au peuple ou à ses pairs. Les joutes verbales me passionnent (j’étais surement rapeuse dans un gang dans une autre vie) et sans distinction de partis je me suis régalée d’écouter ces hommes et ces (rares) femmes se mettre sur la gueule. De complaisance à ring de boxe, il n’y a qu’un pas.

Le discours de notre premier ministre m’a laissé circonspecte. Les dates de rentrée changent encore, je ne sais plus quoi penser. En fait je crois que personne ne sait vraiment comment cela va se passer. De notre côté nous maintenons nos deux semaines de vacances en juillet et Août. Je m’y accroche comme une syndicaliste à ses trente cinq heures, ces deux petites semaines m’aident à tenir alors s’il vous plait laissez moi rêver encore d’accord?

Beaucoup d’incertitudes aussi pour nous pour l’école. Nous n’avons encore pris aucune décision ferme. Nous verrons.

Nous verrons.

C’est drôle n’est ce pas? Nous nous accrochons tous à l’emploi du futur, il n’a pourtant jamais été plus incertain.

Nous sommes partis Rodolphe et moi faire la boucle du chemin. Juste un heure et si nous avions pu trouver un petit chemin de traverse pour prolonger notre tête à tête nous l’aurions fait. Nous avons besoin de nous retrouver un peu tous les deux… Les enfants c’est bien mais c’est tout le temps là!

Harry et Coco commencent à jouer ensemble, c’est irrésistible à regarder. Harry est encore assez ahuri de voir cette petite boule si vive et si insistante avec lui, mais j’ai l’intuition que ces deux là vont s’entendre. J’ai lu qu’il ne faut rien brusquer, nous nous y appliquons donc.

Binge de Mars (sur Netflix), j’ai recommencé du début, j’avais pris la série en cours et raté les premiers épisodes. Le mélange de docu et de fiction est pas mal fait. L’intrigue est évidemment passionnante.

C’est pour quand la côte de boeuf les chéris?

Après une petite tisane skype avec les copains je me suis enfilé trois deux épisodes et demi avant de m’écrouler de fatigue contre Coco en me promettant de ne plus me coucher aussi tard. On y croit tous.

PS: à part mon genou qui refait des siennes, tout le monde va bien.

Mercredi 29 avril. 46ème jour de confinement.

Rod s’est lancé dans les plans d’un meuble sur mesure pour l’entrée. Ça l’occupe une bonne partie de ses journée. J’ai hâte qu’il s’y mette. Notre entrée est loin d’être fonctionnelle, il est temps que nous nous en occupions.

Nous jonglons pas mal entre nos revenus qui rentrent encore mais amaigris et les projets que nous mettons en place. Nous faisons des choix, nous patientons… Ce n’est tellement pas mon fort d’habitude et pourtant cette pause dans la consommation nous fait beaucoup réfléchir. On se recentre sur l’essentiel tout en gardant quelques petits trucs qui nous font plaisir, qui nous aide à tenir le coup.

Remise au point avec l’ado. On recadre, on parle, on regarde droit dans les yeux en disant que ça suffit la mauvaise humeur, qu’on est tous dans le même bateau et que c’est quand même plus facile si tout le monde maîtrise ses humeurs. J’essaie au maximum de me mettre à sa place, de fouiller dans mes souvenirs. Il a du mal é gérer ses déceptions depuis toujours, et celle de ne plus voir ses potes, de ne pas vivre cette année « facile » de seconde comme il l’avait imaginé ets très frustrant. Et puis je sais que malgré sa mauvaise tête il a conscience de sa chance d’avoir pu partir à Bogota avant que tout ne s’effondre. Il parle quotidiennement à ses amis, il joue en ligne avec eux tout en râlant de notre connexion internet plus que pourrie. Je lui demande aussi de continuer de parler avec nous, d’échanger, de communiquer… Avoir quinze ans et être confiné. Quelle ironie lorsqu’on commençait tout juste à déployer ses grandes ailes toutes neuves n’est-ce-pas?

Jeudi 30 Avril. 47ème jour de confinement.

Juste après le repas je me sens fatiguée, je m’allonge te je dors quatre heure sans aucun rêve, et avec la sensation au réveil d’avoir été dans une sorte de coma. J’ai la sensation que le covid s’exprime encore. Comme une intuition…

Dans le même temps nous sommes les enfants et surtout nous complètement décalés. Je me couche très tard sans avoir sommeil, il n’ets pas rare que je lise pendant de très longues minutes avant de sombre livre à la main qui bascule doucement.

Nous avons mis une housse de couette en coton, c’est un détail mais le lin nous tenait chaud, et puis Rodolphe n’aime plus trop dormir dans du lin. Étrange les concessions que l’on doit faire dans un couple, jusqu’à la matière de la housse de couette.

J’ai froid moi, et je rêve de grosse chaleur et de ce drap vintage en coton lourd que je sors les nuits de canicule… Quand le confinement a commencé il n’y avait pas de feuilles aux arbres… de ma chambre de malade j’ai vu les bourgeons exploser en feuilles puis en feuillages dru… Les oiseaux ont fait leur nid. Les tulipes ont fanées… Les roses éclosent les unes derrières les autres et les bébés mésanges se sont envolés par la petite fente de notre boîte aux lettres.

Je plante, je rempote, je m’occupe de chaque petite feuille et je compte les boutons des rosiers. Ce temps au ralenti nous offre de voir tout pousser. je continue chaque jours comme toujours mes tours de jardin matinaux. Mes mètres carrés chéris.

Le virus nous aura volé mon printemps mais il m’aura permis cette vie comtemplative que ‘affectionne tant. Je me souviendrai pour toujours de ces jours à regarder le monde tourner presque sans nous les hommes. Je regardais les stories de ma copine Morgane et j’avais la même réflexion qu’elle. La nature a repris ses droits en ville, elle s’insinue, elle passe partout , se faufile, s’immisce. Indomptée, elle exulte.

Vendredi 1er mai. 48ème jour de confinement.

Pas de réveil ce matin, ça tombe bien nous n’avons réussi à nous arrêter de regarder Mars… à trois heures nous ne dormions pas encore.

C’est tellement rare mais il nous arrive depuis le confinement d’être chacun devant une série. Sacha est sur Hunter X Hunter en ce moment et aussi sur Vicking. Violette binge les enfants Beaudelaire et Rodolphe et moi ne lâchons plus Mars donc. Nous suivons tous les quatre Mandalorian en VO (bravo à Violette qui suit à fond, je suis super fière d’elle.) Regarder des séries, voilà un truc que je ne fais pas souvent, pourtant là je savoure!

Je viens d’aller faire un tour sur Google analytics pour faire un peu le tour des post les plus lus depuis le début du blog (un peu plus de 9 ans…) Et je suis sur le cucul… toutes les chroniques arrives dans les 20 post les plus lus… sans détrôner bien sur le Banana bread et le cocon de naissance et le post que je mets à jour régulièrement sur la couture des masques. C’est fou à quel point ces chroniques sont devenues très modestement un rendez vous. j’ai l’impression d’être si loin et de donner des nouvelles. Comme à l’époque où j’habitais au Bénin.

j’ai presque terminé l’énorme fournées de masques pour les assos. Il m’en reste cinq encore puis grande lessive et ça part… Je continue à en faire pour mes proches, pour ceux qui en ont besoin.

Nous avons fait notre balade habituelle en prenant la boucle de notre chemin. Les enfants à vélo et nous à pied derrière. Les fleurs du chemin ont changées, l’ail des ours a laissé place aux coquelicots. Ce chemin sur lequel je n’avais jamais mis les pieds et qui est maintenant un peu le mien est mystérieux. Jamais nous ne saurons ce qui se cache derrières les hauts murs de pierres. Des vies en cachette, l’été écrasées et chaleur et sous des pluies torrentielles l’hiver. On l’aime notre chemin des collines et je les ai trouvé bien courageux mes enfants de pédaler dans les montées. Et si beaux aussi.

Nous sommes rentrées avec l’envie de passer du temps chacun de nos côtés. parfois je m’en veux un peu de ne pas faire mille choses avec eux la journée mais j’avoue que plus que le temps passe et plus j’ai besoin de solitude. C’est un peu long là… Et même si sincèrement je savoure ces jours paisibles, notre ancienne commence à me manquer. Nos amies. Nos terrasses, les cinoches et les ruelles écrasées de soleil…

C’est fou quand on y pense, bon sang c’est en dehors de toutes réalité non. On aura vécu la grande pandémie de 2020, en plein dans nos gueules et dans nos coeurs. Tous différents et pourtant, tous englués sur la même planète. Oh oui c’est complètement fou.

Je vous embrasse fort.

PS: ici tout le monde va bien. Et je suis si heureuse que mes trois co-confinés échappent (pour le moment) au virus.

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11 commentaires

  1. Répondre Croquet Stéphanie mai 1, 2020 à 7:06

    Merci pour ces partages 🥰idem ici avec notre ados de presque 16 ans qui nous échappe et se confiné dans sa chambre. La « petite » de presque 11 ans est en train de se métamorphoser en ado sous nos yeux … pas facile à vivre tous les jours . Elles ont compris toutes les deux qu’elles ne rentreront pas à l’école avant septembre 🥺… Mon chéri et moi allons nous promener tous les deux quand il ne pleut pas pour nous retrouver en tête à tête … et puis moi je désespère d’avoir des infos pour mon boulot dans la culture … toujours pas d’instructions pour un deconfinement du secteur en Belgique 😔

    • Répondre Ritalechat mai 1, 2020 à 7:46

      Ici les infos commencent à peine à arriver. Mais tout est très incertain encore pour les tournages… Wait and see.

  2. Répondre Maud mai 1, 2020 à 8:46

    Toutes tes photos sont magnifiques mais j’adore encore plus la photo de toi et ta fille…. Et oui tout est incertain, encore tellement incertain, je ne sais pas si je remets les enfants ou pas pour ma part.

  3. Répondre Odile mai 2, 2020 à 6:52

    Merci Camille , le texte de Violette est très beau ainsi que le dessin de la licorne.Les photos sont magnifiques. Pour moi ce qui me manque le plus ce sont mes enfants et mes petits-enfants.Bonne journée à vous et à votre famille.

  4. Répondre capu mai 2, 2020 à 6:53

    je viens de réaliser que nos fils ont le même âge ! je ressens tellement ta phrase sur les ailes qui commençaient juste à se déployer et qu’il faut confiner…

  5. Répondre Chris mai 2, 2020 à 5:00

    Je ne laisse pas souvent de commentaire, mais je lis ces petites chroniques avec plaisir! Si je puis me permettre, chez nous, nous faisons couette à part (même chalbre et même lit hein!) Je pense que cela nous a évité bien des tensions 😅 merci pour ces articles !

  6. Répondre Tatatasteph mai 2, 2020 à 7:37

    Chère Rita,
    Je t’ai découverte sur Insta, clairement tendrement inspirée par les photos de deux enfants, d’âge, de couleur, d’histoire différentes. Comme les miens. Ils a 15 ans, elle 8, il est metis, elle blonde. C’était drôle. Puis ce mot hier soir :  » Benin » et alors que rien ne m’a fait pleuré de toute cette période folle, ce mot, ce fameux nom, qui résonne encore et encore. Une similitude de plus, et non des moindres. Merci 1000fois de tous ces partages.

  7. Répondre Kat mai 4, 2020 à 6:25

    Bonjour Camille, je me fais souvent la même réflexion que toi sur Sacha à propos de mon fils de 11 ans, qu’est ce qui se trame dans une tête d’ado ou pré ado confiné ? Pas facile de ne plus voir les potes…Tes chroniques font du bien car elles sont vraies, on partage tous cette période de fous, même j’ai conscience de ma chance d’avoir encore un salaire et un maison assez grande. Bonne semaine !

  8. Répondre MichèleS mai 4, 2020 à 11:59

    La maîtresse que je suis est bluffée par le joli texte de Violette ! Bravo !!
    Et merci pour vos chroniques, votre blog, et tout…

  9. Répondre Marie-Morgane mai 10, 2020 à 9:17

    « Nos ennemis pourront couper toutes les fleurs, mais ils ne seront jamais maîtres du printemps » Pablo NERUDA
    Merci toujours pour tes mots, un plaisir de suivre vos aventures, c’est un peu de Nîmes à travers vous ❤️

    • Répondre Ritalechat mai 11, 2020 à 8:20

      Merci pour cette phrase magnifique. Que c’est beau.

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